AEE : la transition urgente vers une économie verte
Les pronostics sont unanimes, nos modes de consommation nous mènent à la perte sur le plan environnemental. Dans quelques décennies, alors que de plus en plus de personnes issues des pays en développement vont acquérir davantage de pouvoir d'achat, les besoins en matières premières vont aller croissant. Il ne s'agit pas de stigmatiser la classe moyenne de demain, mais de réfléchir sur des moyens de consommation plus appropriés par rapport à l'évolution démographique de la planète et aux ressources disponibles sur terre. L'agence européenne de l'environnement (AEE) a publié le 28 novembre dernier une étude qui détaille les progrès effectués par l'UE au cours de la dernière décennie...mais qui met en garde aussi sur nos modes de consommation de demain.
Dans son étude, l'AEE a abordé plusieurs thématiques allant de l'économie, au social en passant par l'environnement. Elle préconise "une conversion complète vers une économie verte utilisant efficacement les ressources", dans son rapport SOER 2010 (en anglais), publié le 28 novembre dernier. Cette transition ne pourra se faire sans plus de cohésion sociale et une croissance des richesses. Plus important, l'agence veut tirer la sonnette d'alarme sur les changements démographiques à venir et sur la nécessité d'anticiper leurs répercussions dès maintenant.
Sur le plan pratique, si les émissions de GES des 27 pays européens ont diminué au cours de la dernière décennie, ce qui constitue une assez bonne nouvelle en soi, le secteur des transports reste problématique. Les émissions ont augmenté de 24% entre 1990 et 1998. Chiffre directement lié à la croissance économique. Mais cette croissance a aussi des répercussions sur la biodiversité : "le milieu marin est durement touché par la pêche non durable, mais aussi par d'autres activités telles que l'extraction offshore de pétrole et de gaz, de sable et l'extraction de gravier, la navigation et les parcs éoliens offshore". Au final, l'UE a échoué dans son objectif de stopper l'érosion de la biodiversité en 2010. Au niveau des déchets, l'échec est encore plus flagrant. En 2006, les 27 ont produit 3 milliards de tonnes de déchets, dont la moitié est encore enfouie...il reste donc des progrès à faire.
Le rapport parle aussi du fait que ces problèmes se retrouvent à l'échelle mondiale. Les modes de consommations sont l'un des moteurs clés de l'utilisation des ressources et de la production de déchets. Les impacts de la consommation européenne ne se limitent pas au territoire européen : 20% des ressources utilisées ici sont issues de l'importation. Il n'est pas rare en effet, mais néanmoins choquant, de voir des différences de prix exorbitants entre un même produit selon que celui-ci vient de France ou soit importé. L'accroissement du pouvoir d'achat à l'échelle mondiale va par ailleurs entraîner des nouvelles pressions sur les ressources naturelles.
L'AEE préconise donc un changement profond dans les modes de production et de consommation en Europe, et de manière plus générale dans les pays développés. Une transition vers une économie verte, qui vise à utiliser les ressources de façon plus écologique, doit être appuyée par les gouvernements, les entreprises et les consommateurs. L'AEE s'appuie sur des politiques environnementales européennes existantes pour montrer l'exemple d'un modèle à étendre et à perfectionner. Enfin, l'éco-conception et les technologies respectueuses de l'environnement doivent être développées. Ce rapport n'apporte rien dans la connaissance des faits, mais a pour but de tirer une sonnette d'alarme afin de faire évoluer le débat.