Affaire du Probo Koala : les politiciens ivoiriens à la manœuvre
En Côte d'Ivoire, la dimension politique de l'affaire du Probo Koala ne cesse de grandir. Alors que le rapport de la commission ivoirienne d'enquête remis au premier ministre est accablant (voir dernier rédactionnel), le président Gbagbo a signé dimanche plusieurs décrets qui permettent le retour à leur fonction le 16 décembre prochain du directeur du Port autonome d'Abidjan (PAA), Marcel Gossio, le directeur général des Douanes, Gnamien Konan, et le gouverneur du district d'Abidjan, Pierre Amondji, suspendus en septembre par le premier ministre Banny. Sur cette autorisation, M.Banny vient de réagir en déclarant "qu'une chape de plomb s'est abattue sur le pays". De plus, Gbagbo vient d'annoncer la fin des fonctions du Directeur Général de Fraternité Matin et du mandat des membres du Conseil d'Administration de ce quotidien...
A propos de la réintégration dans leurs postes des fonctionnaires, le Premier Ministre a déclaré que " Pour prévenir des troubles graves à l'ordre public et préserver la paix, il est impérieux de surseoir à l'exécution de ces décisions". En réponse, la présidence ivoirienne vient de diffuser un communiqué où elle justifie ainsi sa décision :" la responsabilité administrative est différente de la responsabilité pénale qui, elle, est individuelle." Elle en appelle à la Justice et souhaite qu'elle soit "exemplaire" à rechercher "toutes les personnes qui ont personnellement pris part à la commission des faits ou qui ont aidé à leur réalisation."
Le Rassemblement des républicains (RDR, opposition) dénonce ce mardi la "connivence" du président ivoirien avec "les auteurs (du) crime" des déchets toxiques et réclamé sa démission après sa décision de réintégrer des responsables suspendus.
Le Front Populaire Ivoirien réplique que les "conclusions des enquêtes n'ont pas établi formellement la culpabilité des responsables en question."Son président N'Guessan, n'hésite pas à déclarer : " qu'il suspecte légitimement ce rapport d'enquête "de la commission Banny" d'avoir été rédigé pour justifier a posteriori une opération politicienne menée par le Premier Ministre destinée à limoger les dirigeants d'Entreprises publiques qu'il avait dans son collimateur (...)Maintenant que l'enquête administrative est terminée, il importe que l'enquête judiciaire aboutisse le plus rapidement possible, afin que les vrais coupables soient sanctionnés."
Concernant la révocation du Directeur du Groupe Fraternité Matin, N'Guessan justifie la décision du Chef de l'Etat "par la même logique de promotion de la rigueur, de lutte contre l'imposture et l'impunité.". Il indique même "qu'il faut aller plus loin, car d'autres secteurs notamment la Radio Télévision Ivoirienne (RTI) et certaines sociétés d'Etat ont-elles aussi, besoin d'être rapidement remises, sur la voie de la légalité, de la neutralité et de l'impartialité administrative."
En attendant, l'ONUCI (Opérations des Nations Unies en Côte d'Ivoire) a indiqué, samedi dernier, que le rapport d'enquête " était un signe encourageant" pour "la lutte contre l'impunité en Côte d'Ivoire". Elle estime " que cette enquête, fait coïncider les engagements du gouvernement avec ses actes, marque une volonté de transparence vis-à-vis des populations ivoiriennes."