Agrobiogas : l'UE valorise ses déchets agricoles
La grande quantité de déchets agricoles produite en Europe chaque année constitue un véritable problème pour les agriculteurs qui sont obligés de s'en débarrasser ; les traitements utilisés sont relativement bon marché mais cependant inadéquats. Une alternative possible est l'utilisation du biogaz via la digestion anaérobie (autrement dit l'utilisation de micro-organismes pour décomposer le matériel en l'absence d'oxygène). Le traitement du biogaz alimente de façon efficace l'énergie et la récupération de nutriments tout en empêchant la pollution...
Le projet Agrobiogas ("An integrated approach for biogas production with agricultural waste") financé à hauteur de 2,1 millions d'euros au titre du sixième programme-cadre de l'UE s'est fixé pour objectif de développer cette technologie, qui offre un moyen efficace de traiter les déchets agricoles tout en constituant une option réaliste pour les agriculteurs.
D'après les partenaires du consortium d'Agrobiogas (originaires de Belgique, du Danemark, d'Allemagne, de Grèce, d'Espagne, de France, d'Autriche, de Slovaquie et de Suède), la décentralisation de la digestion anaérobie (AD, de l'anglais "anaerobic digestion") en utilisant la co-digestion avec d'autres résidus organiques pourrait stimuler l'efficacité de l'AD avec les déchets agricoles. L'utilisation d'un concept de co-digestion pourrait permettre aux agriculteurs de traiter leurs déchets agricoles ainsi que d'autres matières organiques. Par ailleurs, ils pourraient tirer profit financièrement parlant du traitement et de l'exploitation des déchets organiques provenant d'autres sources, ainsi que de l'utilisation ou de la vente de leurs productions (par exemple de l'électricité). D'après les partenaires, il y a beaucoup à gagner à intégrer les informations de projets locaux sur le biogaz dans une base de données accessible à tous les agriculteurs.
Afin de fournir à tous les agriculteurs européens un moyen efficace de traiter les déchets agricoles, le consortium Agrobiogas fait remarquer que les conditions idéales pour l'application d'une technologie de traitement doivent être expliquées clairement et que la méthode doit également être adaptée aux conditions locales. D'après les partenaires, les informations importantes sur le sujet doivent être fournies aux agriculteurs par le biais des groupements d'association industriels (IAG, pour "Industrial Association Groupings") qui les représentent.
Jusqu'à présent, Agrobiogas compte plusieurs réussites à son actif, notamment le développement d'une boîte à outils de simulation du processus AD. "Une partie intégrée de cette boîte à outil est une base de données sur les substrats issus du biogaz qui rassemble de nombreuses informations sur 25 substrats différents utilisés dans la production de biogaz", explique Thorkild Q. Frandsen, coordinateur du projet. "Par exemple, nous y trouverons des données sur le rendement du biogaz et sur la composition chimique de chacun des substrats".
M. Frandsen fait également remarquer que la base de données sur les substrats d'Agrobiogas et la boîte à outils sur les processus de simulation AD sont connectés à un outil d'aide à la décision d'investissement qui sert à "faciliter la première évaluation économique d'un projet donné sur le biogaz".
En termes de développements futurs, M. Frandsen a déclaré que l'expérience et les connaissances générées par le projet Agrobiogas pourraient s'étendre à d'autres régions européennes. Par exemple, le gouvernement danois a lancé le plan d'action "Green Growth" en avril dernier, qui est destiné au secteur agricole. "Le biogaz est l'un des domaines principaux traités dans ce plan d'action et le Danemark s'est fixé l'objectif d'atteindre d'ici 2020 une utilisation de 40% du fumier extrait de la production animale pour la production d'énergie renouvelable", souligne M. Frandsen. "Le biogaz est l'instrument clé pour atteindre ce but".
source et crédits photo : CORDIS