Airbus se met au recyclage de matériaux composites

Le 26/04/2011 à 8:58  
Airbus se met au recyclage de matériaux composites
Construction d'un avion - Crédit photo : REUTERS/Jean-Philippe Arles Les premières bases d'une filière de recyclage sont posées : il faut dire que ces matériaux deviennent peu à peu indispensables aussi bien dans l'industrie automobile ou aéronautique. Airbus s'est d'ailleurs déjà penché sur le recyclage : voir Airbus : le recyclage ne restera pas sur le tarmac. Les matériaux composites intègrent des industries diverses telles que l'aéronautique, l'automobile, la plaisance, l'ameublement, et bien d'autres secteurs encore ; ces matériaux sont nobles et très intéressants de par leur résistance et leur légèreté ; et puis, ils offrent une alternative intéressante aux métaux. Sauf que la tendance du moment consiste à dire : à tout matériau doit correspondre une filière de recyclage dédiée. Il n'y a pas de temps à perdre : la France n'est pas en avance...
 
« Il n'y avait pas encore de gisements critiques justifiant un traitement », justifie Pascal Dublineau, expert matériaux et procédés chez Airbus. On à peine à le croire mais actuellement, les rebuts de fabrication partent en décharge, à moins que broyés, ils ne soient destinés au four de la cimenterie. « Ces solutions ne sont pas satisfaisantes. Surtout avec l'usage croissant des composites dans l'automobile. À partir de 2015, 95 % du poids d'une voiture devront être recyclés », annonce Jérôme Soto, enseignant chercheur à l'Icam, école d'ingénieurs de Nantes.
Chez Airbus, la production de ces déchets en matériaux composites a triplé en trois ans. L'an dernier, la France en a produit 300 tonnes. « D'ici à quinze ans, 7 200 avions de la première génération de composites devront être démantelés », poursuit Pascal Dublineau.

Dans ce contexte, le producteur d'avions a mis en ouevre à l'aide du pôle de compétitivité EMC2 basé à Nantes, lequel est spécialisé dans les problématiques liées aux ensembles métalliques et composites, une initiative dont l'objectif est d'organiser une filière complète du recyclage, depuis la collecte des matériaux (traités en fonction de la technologie retenue pour le recyclage) jusqu'aux possibilités de valorisation commerciale des fibres recyclées.
Il va de soi qu'il n'est question que de mettre en place des solutions de valorisation économiquement viables. On ne souhaite pas comme c'est le cas pour d'autres filières d'organiser une économie sous perfusion d'aides et de subventions...
Rappelons en effet que l'essentiel des composants de ces matériaux composites proviennent du pétrole. De quoi parle-t-on en fait? De fibres longues (verre, carbone, métallique) imprégnées d'une résine soit thermodurcissable (polyester, polyvinyle, polystyrène), soit thermoplastique (Peek ou polyétheréthercétone, polyamide). Recycler ces matières consiste à dissoudre la résine pour en extraire les fibres et leur donner une seconde vie.

Deux technologies coexistent pour ce faire :
La thermolyse, utilisée en Grande-Bretagne et en Allemagne : il s'agit de carboniser la résine. Maiz le bilan carbone apparait peu satisfaisant. La solvolyse : cette technique repose sur un procédé chimique à partir d'eau portée à haute pression (200 bars) et chauffée à haute température (400 °C). Deux démonstrateurs du réacteur chimique qui permettent de réaliser cette opération, ont été mis au point par la société nantaise Sacmo (dans le cadre d'un programme de recherche labellisé par EMC2).
« Nous envisageons pouvoir commercialiser cette machine en fin d'année », annonce Mathieu Beaulieu de la Sacmo. Mais tout n'est pas terminé : reste à trouver « une solution de traitement de la résine mélangée à l'eau », explique Pascal Dublineau. Dans le cadre de la création de l'IRT Jules Verne sur les matériaux avancés (Institut de recherche technologique), candidat pour l'appel à projets du gouvernement sur les investissements d'avenir, Airbus envisage de construire, d'ici à début 2012, une unité de recyclage pilote utilisant la solvolyse.
Au demeurant, un appel d'offres sera lancé au cours de ces prochaines semaines, afin de réunir autour de ce projet (estimé à 5 millions d'euros) des candidats issus de la filière recyclage, des universitaires et des professionnels du génie chimique...