Après le feu mis aux poudres par les Verts... Ségolène revient à l'écologie

Le 02/04/2014 à 17:39  

Après le feu mis aux poudres par les Verts... Ségolène revient à l'écologie

Ségolène Royal Royal, ce retour. On aurait pu penser qu'elle aurait tourné le dos à une participation au nouveau gouvernement. Et non.... Feu Vert pour Ségolène : maman des enfants qui ont pour papa, François, elle devient ministre du Président Hollande. Le 2 avril ne laissant plus de place à la blagounette du poisson d'avril, on ne sourit pas, on ne doute de rien : l'info est exacte. Elle est, aussi, extraordinaire : à l'écoute en cette fin de matinée, de Pierre-René Lemas, secrétaire général de l'Elysée, annoncer mercredi 2 avril que « Madame Ségolène Royal » est nommée « ministre de l'écologie », il est difficile de rester impassible...

A 60 ans, Ségolène Royal revient en force : ministre pour la quatrième fois, vingt deux ans, jour pour jour, après sa première entrée dans un gouvernement. C'était le 2 avril 1992 : ce jour-là, Ségolène Royal était nommée ministre de l'environnement dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy. François Hollande, qui pensait pouvoir obtenir, lui aussi, un portefeuille, était reparti bredouille : impossible de nommer les deux membres d'un couple dans un même gouvernement, avait, à l'époque, tranché François Mitterrand... Comme quoi, il n'est point de règle qui ne sache évoluer...

 Ségolène Royal, ministre de François Hollande... Oui, décidément, tout est singulier dans la réalité politique de notre pays. Un président qui fait appel à son ex-compagne, c'est une première! D'autant que la dame a déjà été ministre, ce qui n'est pas le cas de M. Hollande. Elle a même failli être présidente, lors du choix, au second tour, qui a été fait au bénéfice de Nicolas Sarkozy. Le couple qui s'est séparé, se reforme bel et bien, du moins sur la scène politique, quelques années après s'être déchiré en privé. Sommes-nous au théâtre? Non, même si on assiste à une scène unique en son genre, dans l'histoire politique de la France...

François Hollande Si Ségolène Royal n'avait jamais été la compagne de François Hollande, il est probable qu'elle aurait intégré le gouvernement au premier round, dès 2012. Mais... dans le paysage affectif du président, du moins à l'époque, sévissait Valérie Trierweiler qui n'aurait pas souffert cet affront, de voir "l'ex" qu'elle avait détrônée, monter sur le podium gouvernemental, quand elle n'était que la nouvelle compagne. Pour s'en convaincre, il suffit de se souvenir du fameux tweet dévastateur du 12 juin 1012, dans lequel Valérie Trierweiler apportait son soutien au concurrent de Ségolène Royal aux élections législatives de La Rochelle, après que cette dernière ait bénéficié du soutien du Président de la République... C'était du plus mauvais goût que de mettre sur la place publique, via Tweet-Tweet, une jalousie de bas étage, à l'égard de la maman des enfants du président, alors qu'une campagne, à laquelle elle participait pour sa propre élection, battait son plein... Est-ce à la suite de cette bassesse que le couple a commencé à battre de l'aile?...

 Mais la roue tourne, il est commun de le rappeler... En janvier dernier, la rupture est consommée entre Valérie Trierweiler et François Hollande. Jean-Yves Le Drian, vieil ami de François Hollande et de Ségolène Royal, ministre de la défense, a récemment déjeuné avec elle pour discuter de la question de son entrée éventuelle au gouvernement. Manuel Valls, qui a soutenu Ségolène Royal lors du congrès de Reims, en 2008, a sans doute apprécié le soutien de la présidente de Poitou-Charentes et même la défense de sa position du ministre de l'intérieur, quelques années plus tard, au moment de l'affaire (pittoyable) de Léonarda. C'était fin 2013. Au cours de ces dernières semaines, il était donc devenu plus que probable que Madame Royal (re)ferait son entrée... tant les feux redevenaient verts au bénéfice de Ségolène...

Manuel Valls Héritière d'un super ministère dédaigné par les Verts, Ségolène Royal s'est dite «très honorée» de sa nomination ; «en même temps, je connais l'exigence que cela appelle dans un ministère majeur pour le redressement du pays et les créations d'emplois qui vont avec», a-t-elle déclaré à nos confrères de France3 Poitou-Charentes. «Ce qui est important, c'est de lier les discours aux actes», a conclu celle qui est désormais numéro trois du gouvernement.
Le ministère dont elle hérite voit son périmètre élargi… puisque, comme du temps de Jean-Louis Borloo, il inclut le portefeuille de l’énergie, tant convoité, par ailleurs... et la responsabilité est grande : faut-il rappeler qu’en 22 mois de présidence Hollande, se sont successivement succédés Nicole Bricq, Delphine Batho et Philippe Martin au ministère de l’Ecologie?
Si l’association Robin des Bois « salue la remontée spectaculaire du Ministère de l'Ecologie dans le rang protocolaire du gouvernement et l'arrivée à ce poste de Mme Royal, bonne connaisseuse des enjeux dans ce domaine », l’association Agir pour l’Environnement, évoque dans un communiqué de ce jour, « un record de non-longévité pour ce ministère dit du développement durable », et indique ô combien on « s'interroge sur la signification à donner à ce zapping permanent qui rend la politique écologique de François Hollande illisible, incolore et sans saveur ». Alors que la loi sur la transition énergétique doit être présentée aux parlementaires à la fin du premier semestre, « il est peu de dire que sa préparation aura été rythmée par les départs des ministres censés la soutenir. En moyenne, sous la présidence de François Hollande, l'obsolescence programmée des ministres de l'Ecologie est fixée à 231 jours. A ce rythme là, il est possible qu'à l'avenir, les futurs remaniements peinent à trouver la personne idoine, prête à se sacrifier pour faire de la figuration sur la photo de famille. A tel point qu'il est désormais possible de poser la seule question qui vaille : le ministre de l'Ecologie est-il un intermittent du spectacle ? »

Ségolène Royal est connue pour son engagement en faveur de la protection de l'environnement : depuis dix ans, l'élue à la tête de la région Poitou-Charente, a mené plusieurs actions dans le domaine de la croissance verte et des éco-industries ; candidate aux primaires socialistes en 2012, elle défendait une « social-écologie » et s’était opposée à une fiscalité écologique « punitive ». Elle n'aura pas la tâche facile et l’avenir nous dira sans doute bientôt, quel chemin l’écologie aura emprunté…