Arcelor - Mittal Steel : un rapprochement inéluctable ?
Après les déclarations critiques des dirigeants d'Arcelor à l'égard de la réussite économique et industrielle de Mittal Steel, la guerre des mots bat son plein. Cette guerre s'intensifie pour tenter de convaincre les actionnaires du bien-fondé de chaque stratégie et d'apporter les garanties à leurs satisfactions. Maintenant, cette guerre de déclarations est-elle aussi importante ? Ce sont les actionnaires qui auront le dernier mot et pour eux il s'agit avant tout de décider du meilleur choix pour édifier un leader mondial de la production d'acier...
A la limite, à les écouter on peut dire que les dirigeants d'Arcelor crient "Au voleur " lorsqu'ils s'expriment à propos de l'opa de Mittal Steel sur Arcelor. Mais quand bien même, cette présentation serait totalement fondée, elle est insensée.
Le temps d'Usinor et des sociétés nationalisées est révolu depuis longtemps. Et non seulement, Arcelor est une société privée mais en plus elle est un des principaux acteurs mondiaux de son industrie. C'est dire si elle ne peut s'exclure de la mondialisation et des règles des marchés financiers. Or, la première régle du capitalisme, c'est bien le capital et les actionnaires. Les dirigeants doivent rendre des comptes aux actionnaires et les respecter car c'est bien grâce à eux et à la confiance qu'ils accordent aux dirigeants que ceux-ci sont rémunérés. C'est ce que souligne Lakshmi Mittal dans une récente déclaration à un de nos confrères belges :"le management d'Arcelor n'est qu'un locataire. Les vrais propriétaires sont les actionnaires (...) pourquoi le management aurait-il le droit de créer des obstacles et de déranger le droit des actionnaires de prendre une décision". Les responsables d'Arcelor jouent une difficile partie où il faut veiller à ne pas laisser développer la confusion entre les intérêts de la société, ceux des actionnaires, et leurs intérêts. Exemple de cette difficulté, des récents propos de Guy Dollé qui peuvent laisser sous-entendre qu'il ne s'agit pas d'une opa mais d'une ope : "Dans une OPE, ce n'est pas qu'une question de prix. Vous devez apprécier la valeur du papier qu'on vous propose (...) la valeur du papier qu'on vous propose, c'est la valeur de la société Arcelor et de Mittal Steel, plus la valeur des synergies positives et négatives."
Maintenant, il faut oublier les mots pour se concentrer sur le fonds : le meilleur moyen de se protéger d'une opa, c'est d'avoir un cours de bourse élevé, ou/et de contrôler son actionnariat. C'est le cas de Mittal Steel et pas celui d'Arcelor. Si la valeur de l'opa est jugée trop faible, rien n'empêche d'autre alliances pour créer des surenchères. C'est le marché qui décide. Or, jusqu'à présent les actionnaires ne peuvent que remercier Mittal Steel de leur avoir permis de valoriser l'action d'Arcelor à des sommets jamais atteints. Et, la présentation tardive par les dirigeants d'Arcelor d'un plan de création de valeur à leur égard dans les prochaines années n'y change rien. Il faudrait voir apparaître de nouveaux acteurs financiers ou industriels.
Dans ces conditions actuelles, on peut se demander pourquoi fondamentalement les actionnaires s'opposeraient à un tel rapprochement ?