Architecture écologique : une histoire critique
James Steele, architecte et professeur d’architecture à l’université de Californie du Sud est aussi l'auteur du premier ouvrage consacré au mouvement écologique en architecture, tel qu’il s’est développé tout au long du xxe siècle pour répondre aujourd’hui aux plus impérieuses préoccupations environnementales. Traduit depuis peu de l’anglais en français par Emmanuelle Bels-Jones, l'ouvrage, édité par Actes Sud, ne compte pas moins de 250 illustrations...
Tout au long du xxe siècle, les architectes n’ont cessé de réagir aux conséquences de la révolution industrielle en faisant entrer dans le champ de leurs recherches et de leurs réalisations des thèmes et des procédés nouveaux qui avaient en commun de répondre à des objectifs devenus impérieux : l’amélioration de l’équilibre entre l’homme et son environnement urbain, la protection et la mise en valeur des espaces naturels.
Aussi, cette écologie architecturale s’est-elle attachée à proposer des alternatives pour :
adapter l’architecture urbaine à la croissance démographique de l’ère post-industrielle ;
mieux gérer l’extension incontrôlable des villes et de leurs périphéries qui s’était faite au détriment des espaces naturels ;
favoriser les économies d’énergies rendues indispensables par les crises pétrolières et les déficits en eau ;
participer à la lutte contre les pollutions de tous ordres ;
restaurer et réhabiliter les friches industrielles ou les sites naturels endommagés ;
contribuer au développement durable en privilégiant les matériaux, les modes de production et les savoir-faire traditionnels et locaux ;
respecter les normes environnementales en vigueur, voire contribuer à leur définition ;
créer des espaces de vie harmonieux, esthétiques et confortables qui réconcilient l’homme avec son habitat.
Parmi les nombreux architectes aujourd’hui engagés dans la défense d’un habitat plus écologique et d’une nature mieux protégée, certains se tournent vers les visionnaires du siècle passé – dont les “excentricités” ont désormais valeur de modèles –, tandis que d’autres proposent, non sans provocation, d’ingénieuses combinaisons de nouvelles technologies et d’expériences avant-gardistes.
C’est toute l’histoire de cette intégration progressive des questions environnementales dans l’habitat que retrace cette Architecture écologique, outil précieux pour les praticiens et étudiants en architecture, mais également pour tous ceux que concerne l’avenir de notre planète.
Après avoir défini l’architecture écologique et ses nombreux champs d’application dans les domaines de la tradition, de la technologie et de l’urbanisme, James Steele organise son étude en trois temps :
il recense les thèmes-clés de l’architecture écologique – développement durable, économies d’énergie, insertion harmonieuse dans le site, etc. – et étudie les rapports qui se nouent entre les savoir-faire traditionnels et les technologies les plus modernes ;
il retrace l’histoire des principaux architectes et mouvements qui ont conduit à cette révolution écologique et en étudie les réalisations majeures. La présence de Le Corbusier, de Buckminster Fuller et de Rudolf Schindler, par exemple, nous rappelle que le mouvement moderne, s’il reste marqué par une croyance très absolue dans les bienfaits du progrès scientifique, a joué également un rôle important dans la naissance de l’architecture écologique. Il nous fait également découvrir les œuvres de Charles Rennie Mackintosh, Ebenezer Howard, Frank Lloyd Wright, Hassan Fathy, Balkrishna Doshi, Louis Kahn, Richard Rogers, Norman Foster, Michael Hopkins, Nicholas Grimshaw, Paolo Soleri, Malcolm Wells, James Turrell, Edward Mazria, Ian McHarg, Frei Otto, Fentress Bradburn, Kenneth Yeang, Jimmy Lim, Rasem Badran, Abdel Wahed El Wakil, Enric Mirrales, Tadao Ando, etc.
enfin, en analysant les changements d’attitude à l’égard de la tradition, la technologie et l’urbanisme, il souligne le rôle présent et à venir de l’architecture écologique dans l’urbanisation mondiale.