Ascometal : Schmolz is back !
Mais il fallait que les Pouvoirs publics mettent la main à la poche. Qu’à cela ne tienne, les trois grandes régions où sont installés des sites Asco, Hauts de France, Grand Est et Paca s’étaient engagées à ouvrir leur escarcelle pour une trentaine de millions, au nom de la sauvegarde de l’emploi. L’Etat se proposait de faire un geste à hauteur de 5 millions et Vallourec se proposait de verser plus de 35 millions au pot pour la reprise d’Ascoval. L’offre de Liberty Steel disposait de tous les soutiens possibles. La chose semblait si bien ficelée que le Président Macron, lors de sa récente visite dans le Nord, aurait assuré à la maire de Saint-Saulve, « qu’elle pouvait dormir sur ses deux oreilles ». La « belle assurance » a soudain basculé à l’issue de la journée d’audience des deux offres, le Procureur de la République aurait laissé entendre que les jeux n’étaient pas nécessairement joués comme cela semblait être entendu.
Car il y avait, en face de Liberty Steel, un concurrent de taille : Schmolz + Bickenbach, une référence européenne dans la production d’aciers spéciaux. Connue en France pour avoir, il y a quelques années sauvé de la décrépitude Ugine-Savoie, encore une filiale d’Usinor-Sacilor en déliquescence, S+B proposait un plan industriel solide en ne visant rien moins que la consolidation du secteur des aciers spéciaux en Europe. Certes, et pour des raisons qu’il restera à éclaircir, S+B avait exclu de son plan de reprise Ascoval et ses 299 emplois. Sur le plan financier, le groupe suisse s’engageait à mettre 195 millions d’€ sur la table, après avoir intégré à son offre de reprise l’usine de Fos que dans un premier temps, il n’avait pas retenue. 195 millions mais sans solliciter le moindre soutien en matière de finances publiques.
Les juges ont finalement choisi en leur âme et conscience. Le plan industriel solide de S+B face à une proposition dont un syndicaliste très impliqué dans l’affaire estimait lui-même que « Liberty est un pari, avec ses risques…
Quant à Ascoval, son avenir n’est peut-être pas définitivement joué. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, qui a pris acte de la décision du Tribunal de grande instance de Strasbourg a décidé de convoquer demain, mardi 30 janvier les dirigeants de S+B et de Vallourec ainsi que Xavier Bertrand, président de la Région Hauts de France et les parlementaires concernés pour tenter de trouver une solution d’avenir pour Ascoval.
Le représentant du Gouvernement ne manquera pas de rappeller à Schmolz & Bickenbach, qu’il s’est engagé auprès du tribunal à participer à la recherche d’une solution pour Ascoval et ses salariés, notamment en concluant un contrat d’approvisionnement de 80 000 tonnes d’acier par an, pour une période allant jusqu’à deux ans, en apportant son savoir-faire et en assurant un appui technique au site, en proposant des postes aux salariés d’Ascoval, en reprenant éventuellement certaines activités du site.
Il souligne, en outre, que Vallourec avait consenti à l’autre candidat à la reprise, un effort financier de près de 37 millions d’euros pour maintenir un approvisionnement durable en aciers spéciaux. Bruno Le Maire échangera également avec les organisations syndicales, afin d’envisager les modalités de soutien à ce site et à ses salariés.