Ascoval : Vallourec prévient le repreneur Altifort, que c'est Niet
Faute de dossiers suffisament étoffés, le tribunal de grande instance de Strasbourg a opté, fin septembre, pour le report de son audience (qui aura donc lieu mercredi 24 octobre) afin de laisser un temps supplémentaire aux parties en présence, pour finaliser le plan de financement en vue de la reprise de l'aciérie et de ses salariés.
Deux candidats se sont en effet manifestés : Boost, groupe iranien, qui a déposé une lettre d'intention, et Altifort, groupe franco-belge, qui a présenté une offre ferme (ce qui a le mérite d'être soutenu par les syndicats et les élus locaux) pour reprendre ce magnifique outil industriel.
Le franco-belge s'est engagé à des investissements importants, au maintien des emplois d'Ascoval et à la création de 133 nouveaux postes, avec en contrepartie, parce qu'il a besoin de Vallourec pour mener à bien son projet, une demande à l'adresse de l'industriel, dont l'Etat est actionnaire, de maintenir le volume de commandes et les prix pratiqués, pendant les 18 mois suivant la reprise. Sauf que...
Vallourec est clair : l'actionnaire à 40% de l'aciérie de Saint Saulve (les 60% restants sont détenus par Ascometal) ne soutiendra pas le plan d'Altifort, qu'il juge fragile et d'un point du vue commercial et industriel, étant entendu qu'à cela s'ajouterait, une sous-estimation des besoins de financements ...
Si le PDG d’Ascoval, Cédric Orban, arrivé à Saint-Saulve en janvier 2017, chiffrait encore récemment le plan de reprise à 140 millions d’euros, les besoins effectifs seraient plus proches des 250 millions d’euros, du moins, selon Vallourec (dont le point de vue n'est pas partagé par tous), Vallourec qui ne manque pas d'évoquer les 51 millions d’euros d’efforts supplémentaires demandés, dont 32 millions équivalant au surcoût lié à l’achat de 135 000 tonnes d’acier/an, pendant dix-huit mois, à Ascoval.
Cette clause figurait vel et bien dans le contrat exceptionnel de continuation passé le 1er février 2018 pour assurer le fonctionnement de l’aciérie le temps de trouver un repreneur, mais ne saurait se poursuivre au delà du 31 janvier prochain ; c'est du moins, le positionnement de Vallourec qui refuse donc de valider le plan de reprise proposé, puisque ne souhaitant pas contribuer à son financement, au motif que le groupe a souffert de pertes sévères au cours de ces dernières années et que la prudence s'imposerait : il est fondamental de protéger la compétitivité et par conséquent, l'avenir de l'usine...
L’industriel actionnaire d’Ascoval indique donc qu'il ne participera pas à la réunion de la dernière chance qui doit se tenir demain, mardi, à la demande expresse du président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, très impliqué dans cette affaire (une délégation de Bercy sera dépêchée demain dans le Valenciennois), et que dans cette suite logique, il ne sera pas présent non plus, lors de l'audience prévue à Strasbourg, ce mercredi. Pour l'heure, 281 salariés attendent de savoir quel sera le sort qui leur sera réservé suite à cette audience capitale. Peut être le tribunal diffèrera sa décision, de sorte à laisser un peu de temps supplémentaire à l'Etat et à l'ensemble des parties prenantes pour trouver le meilleur accord possible...