Assainissement : de l'utilité des déchets humains...
De nouvelles approches de l’assainissement considérant les excréta comme une ressource à exploiter dans l’agriculture, après hygiénisation, pourraient apporter des solutions aux problèmes d’amendement et d’environnement en Afrique. C'est Fodé Abou Camara, du Centre régional pour l’eau potable et l’assainissement à faible coût (CREPA) et coordonnateur du programme d’assainissement écologique "Ecological Sanitation" (ECOSAN), qui a fait cette annonce lors d'un entretien accordé à APA (Agence de Presse Africaine)...
M. Camara souligne que des améliorations "sensibles" ont été enregistrées dans les pays membres du CREPA bénéficiant du programme ECOSAN. "La phase de dissémination lancée démontre que de nouvelles approches de l’assainissement écologique considérant les déchets humains comme une ressource à exploiter, constituent des solutions tant au problème de l’assainissement que de celui des engrais pour l’agriculture", a-t-il expliqué. Cette phase de dissémination a déjà été lancée au Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Guinée Conakry, Bénin, Togo, Niger, Guinée Bissau, Congo et plus de 10 000 ouvrages ont été réalisés aux fins de l’assainissement écologique.
Le concept ECOSAN, dont la phase "recherche" a duré 4 ans (de 2002 à 2006) dans 7 pays (Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Guinée Conakry, Bénin, Togo) avant d’être expérimentée essentiellement en milieu rural, ambitionne de s’introduire dans les villes. "Il n’est pas rare de rencontrer les pratiques de réutilisation des eaux usées et des excréta sans traitement en agriculture, et cela au mépris des risques sanitaires et environnementaux que l'on peut imaginer... Ceci en dépit du fait qu’il existe des expériences probantes par le biais des programmes de recherche sur la gestion des boues de vidange ou encore de la gestion des eaux usées", a précisé M. Camara. Il existe des ouvrages à moindre coût, variant entre 150 000 francs (Sénégal - environ 230 euros) et 350 000 francs CFA (Togo - environ 535 euros) du fait du prix de revient des intrants.
Le CREPA, une institution inter-Etats de 17 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a été créé en 1988 dans le cadre de la Décennie internationale pour l’eau potable et l’assainissement (DIEPA, 1981-1990). Des données préliminaires sur la situation en Afrique, tirées d’un rapport mondial à paraître dans le courant de l’année, indiquent que 62% des Africains n’ont pas accès à une installation sanitaire améliorée ou des toilettes convenables.