Aube : les déchets changent de casquette
Il fut un temps où ils génaient et où on les planquait, les déchets. Sauf qu'avec le temps et des pénuries annoncées, ils deviennent matières premières, disposent d'une seconde vie, pour autant qu'on y mette les moyens, bien sur... La TGAP, une taxe de plus, spécifique aux activités polluantes, qui est passée de 7,50 € la tonne en 2005 à 15 € la tonne aujourd'hui, pour grimper à 20 € la tonne en 2014, "aide" à voir les choses autrement. C'est ainsi que de nombreuses collectivités raisonnent autrement : on parle désormais de « valorisation et de ressource »...
Il y a longtemps, dans un contexte économique différent, comme de très nombreuses collectivités, l'Aube a fait le choix de l'enfouissement. Chargé de la gestion des déchets ménagers, le SDEDA a bien envie de changer de mode de traitement. Outre les visites d'unité de valorisation énergétique qu'il propose depuis plusieurs mois aux décideurs, le Syndicat organisait aussi, récemment, un colloque intitulé « déchets, énergie et développement local », destiné, notamment, aux élus locaux. Une rencontre qui avait pour vocation de replacer une problématique locale, à savoir le traitement et la valorisation des déchets dans ce département, dans un contexte économique plus global. « Le timing pour votre projet est bon. Nous sommes à la veille d'un changement de modèle économique », a d'ailleurs indiqué l'économiste Jean-Marie Cardebat. C'est sans aucun doute ambitieux que de vouloir organiser un changement de modèle économique à partir d'un projet de développement local autour du déchet, porté par des acteurs locaux... Et pourtant! Il s'inscrit complètement dans le contexte actuel, d'une part parce que « depuis la crise de 2009, le modèle néolibéral qui était le nôtre est en train de faire place à un nouveau système basé sur le développement durable », D'autre part, « parce que ce développement durable trouve sa traduction au niveau local ». Et enfin, parce qu'en répondant à des problématiques environnementales, en générant des emplois, et en étant vecteur d'innovations, un projet de valorisation des déchets dispose des dimensions « économiques, sociales, et environnementales.Trois valeurs, qui constituent les trois piliers de toute civilisation ».
La présidente du SDEDA, Danièle Boeglin, est engagée : la création d'une unité d'incinération n'est pas forcément plus coûteuse que celle d'un centre d'enfouissement, a-t-elle expliqué en substance... A ceci près que le déchet fournit de l'énergie dans un cas et pas dans l'autre...
Au demeurant, le Président du syndicat mixte de Beauce Gâtinais valorisation, Christian Puech, a fournit l'exemple d'une unité de valorisation énergétique, qui gère, chaque année, 64 000 tonnes de déchets (soit la totalité des déchets reçus). Décrite comme « propre » et « sans odeur » par les élus aubois qui ont eu l'occasion de la visiter il y a quelque temps, l'UIOM produit de l'électricité et fournit de l'eau à 105° à une malterie voisine. Et les élus du syndicat de Beauce Gâtinais valorisation de vanter les mérites « d'une énergie à bas coût, qui profite au tissu local, aux entreprises ou aux logements sociaux». Et pour les angoissés qui craignent pour leur santé, Christian Puech conclut avec une note d'humour : « toutes les demi-heures, des relevés de gaz sont effectués! Je doute qu'un hélicoptère tourne tous les jours autour d'une décharge ...».