Audit sur les infrastructures : le ministère de l'Equipement, fidèle à lui même
La fédération France Nature Environnement accueille avec réserve les conclusions et recommandations faites par le Conseil Général des Ponts et Chaussées et l'Inspection Générale des Finances dans le rapport d'audit sur les grandes infrastructures de transport remis le 4 mars à Gilles de Robien et Francis Mer.
L'association constate, encore une fois, que la dimension environnementale passe à la trappe malgré les orientations données par les plus hautes instances de l’Etat sur la lutte contre le changement climatique et le développement durable. Alors que le système de transport est majoritairement dépendant des hydrocarbures, le rapport occulte les enjeux en matière de consommation. C’est plus que paradoxal alors que la Commissaire Européenne chargée de l’Energie et des Transports a rappelé que si rien n’est entrepris, l’Union couvrira ses besoins énergétiques à 70% par des produits importés à l’horizon 2020, contre 50% actuellement.
Force est de constater que la route, malgré son agressivité pour l’environnement, tire à nouveau son épingle du jeu : l’audit fait l’impasse sur un autre rapport, celui de la Cour des Comptes de 1999, et perpétue le mythe du « réseau national structurant », en préconisant la poursuite de projets fortement contestables comme le doublement de l’A1 entre Amiens et la Belgique et celui de l’ A31 Nancy-Metz.
"Projets qui stimuleront encore un trafic de transit international qu’il conviendrait au contraire de dissuader. Au chapitre des mesures allant dans le bon sens, nous notons avec satisfaction le choix des experts en faveur de la modernisation prioritaire des infrastructures existantes, que ce soit pour le transport fluvial ou pour le rail. Mais nous aurions apprécié que ce principe s’applique également à la route".
L’instauration d’une « redevance domaniale kilométrique » peut être intéressante si les produits générés sont affectés au développement des modes alternatifs à la route et si elle permet d’intervenir pour freiner ou réduire la demande de transports. France Nature Environnement rappelle en effet que les choix en matière d’infrastructures ne constituent qu’un volet d’une politique des transports. Casser la spirale infernale du « toujours plus de transports » passe aussi, à parts égales, par une évolution de la fiscalité et des instruments économiques et par le bannissement des projets qui induisent une croissance globale du trafic. Il faut également donner la priorité aux modes plus économes et moins agressifs : ferroviaire, fluvial, fluvio-maritime ou cabotage, en choisissant dans chaque cas les plus pertinents.
France Nature Environnement compte intervenir en ce sens auprès du Gouvernement et des élus dans les prochaines semaines, tout en insistant par ailleurs sur la prise en compte essentielle des impératifs écologiques, à l’occasion du débat parlementaire sur les transports. Le débat, prévu en mai, sera en effet pour nous le test qui révélera le véritable degré de prise en compte de l’environnement par le Gouvernement.