Automobile : l'éco-pastille bientôt torpillée ?!
Dans un communiqué, Greenpeace s'inquiète des récents propos tenus par le ministre du Budget Eric Woerth. Ce dernier affiche en effet son "scepticisme" a propos du dispositif de bonus-malus sur les voitures neuves, l'une des mesures phares du Grenelle de l'Environnement lancée au début de l'année (voir notre article). Face à l'urgence climatique et en pleine crise des carburants, le ministre du Budget envoie un signal inattendu et pour le moins aberrant...
Dans les colonnes du quotidien Les Echos du 13 juin, Eric Woerth estime que le bonus-malus va coûter 200 millions d'euros à l'Etat, la taxe prélevée à l'achat d'un véhicule polluant ne compensant pas les aides versées aux acquéreurs de voitures émettant moins de CO2. Le ministre en profite pour se déclarer prêt à supprimer ce bonus pour n'avoir qu'un malus, système qui inciterait beaucoup moins les consommateurs à se tourner vers les modèles les moins polluants.
"M. Woerth fait un mauvais calcul. Si le système est déficitaire, c'est que le malus est trop faible : les seuils de déclenchement sont trop élevés, et les montants, trop limités pour les véhicules les plus polluants. Il faut en outre absolument conserver un bonus annualisé pour faciliter l'achat, notamment par les ménages modestes, de véhicules plus propres", explique Anne Valette, en charge de la campagne Climat à Greenpeace France. "Enfin, les 200 millions d'euros évoqués par le ministre doivent être mis en perspective avec les 50 milliards d'euros, montant estimé de la facture énergétique de la France pour 2008, principalement lié aux importations pétrolières."
Les déclarations d'Eric Woerth, si elles devaient devenir réalité, achèveraient de discréditer la politique menée par la France pour la réduction des émissions de CO2 dans le secteur des transports : elle survient quelques jours après que Nicolas Sarkozy a cédé à Angela Merkel au sujet de la réglementation visant à limiter les émissions de CO2 des voitures neuves, que l'Europe devrait voter d'ici la fin de l'année. Le président de la République a accepté un compromis qui reflète davantage les intérêts des constructeurs automobiles européens, et en premier lieu allemands, que le souci de développer le marché des voitures efficaces, peu gourmandes en carburant et faiblement émettrices de CO2.
"Si le ministre du Budget cherche où trouver de l'argent, Greenpeace tient à sa disposition une liste de subventions publiques qui contribuent à la dégradation de l'environnement et que l'on pourrait supprimer, à commencer par les 3 milliards d'euros que la France compte allouer aux agrocarburants d'ici à 2010. Il est évident que nous trouverons ainsi des milliards d'euros permettant de financer un programme d'économies d'énergie très ambitieux !" conclut Anne Valette. En attendant, Greenpeace attend un démenti formel du gouvernement sur la remise en cause de l'éco-pastille...