Automobile : un désir de retour aux fondamentaux ?
Double actualité d'importance pour les constructeurs automobiles européens : des statistiques sur les ventes qui ne cessent de se dégrader avec désormais une prévision de baisse de production de 25% de voitures en 2009, et le salon de Genève où l'automobile verte est brandie comme solution pour sortir de la crise. Et si tout simplement, le consommateur ne souhaitait plus qu'une voiture simple, économique et aux capacités adaptées à la réglementation...
C'est un drôle de sentiment de malaise et de perte de contrôle face à une crise de la demande qui ne cesse de surprendre par son ampleur et sa consistance que doivent éprouver les constructeurs européens automobiles. Ils ont bien raison de se faire du souci, car au niveau des ventes, " les choses changent tout le temps" vient de reconnaître Carlos Ghosn en tant que président de l'ACEA (Association des constructeurs automobiles européens). La semaine dernière, cette association prévoyait un recul de seulement 15% des ventes en 2009, et après la publication des chiffres de février, la prévision est désormais un retrait des ventes de 25% en 2009.
"Si vous regardez les ventes de février, il n'y a qu'un seul marché en hausse, c'est l'Allemagne. Et elle est en hausse seulement sur un segment, le segment le plus bas du marché, qui a explosé essentiellement suite aux primes à la casse. Cela a entraîné le marché allemand en hausse de 21%", a-t-il indiqué en ajoutant que "si on exclut l'Allemagne, la baisse est de 25%".
Dans ces conditions, aucun scénario n'est à exclure pour les constructeurs européens, à l'image des difficultés rencontrées par l'américain General Motors. Et ce qui préoccupe M.Ghosn c'est la capacité financière du secteur automobile. Les mesures de prime à la casse prises en France, Italie, Allemagne ont apporté un ballon d'oxygène, mais le problème de fond n'est pas solutionné. Le besoin financier serait de 40 milliards d'euros pour M.Ghosn qui demande un plan d'aide européen. Ce dernier de plaider aussi pour que les réglementations européennes ,notamment en matière de pollution, ne soient pas durcies. "L'industrie a déjà suffisamment à faire avec la récession, les problèmes de financement, un soulagement en termes de réglementations, pour la durée de la crise, serait bienvenu", a-t-il commenté, ajoutant que "tous les engagements déjà pris seront remplis."
Dans le même temps se déroule le salon de Genève, et la grande découverte, solution miracle pour sortir de cette crise, serait la voiture écologique. "L'avenir est vert", a déclaré Martin Winterkorn, dirigeant du groupe Volkswagen. cela prend la forme d'évolutions technologiques en faveur des énergies vertes, les baisses d'émissions de CO2.
"Le positionnement environnemental se construit à partir de briques diverses et variées. Il n'y a pas une seule technologie avec l'électrique, le diesel, l'essence, l'hybride diesel, le micro-hybride", explique le directeur général de Peugeot Jean-Philippe Collin.
Le choix de l'électrique semble rallier de plus en plus de constructeurs : Opel avec l'annonce du lancement pour 2011 de l'Ampera, d'une hybride électrique qui fonctionne sur deux moteurs, Tata avec une version électrique de son Indica en septembre prochain, signature d'un accord entre PSA Peugeot Citroën et Mitsubishi Motors pour développer un véhicule électrique à destination du marché européen.
Mais attention, à côté de ces développements, se dessine une tendance qui pourrait être durable. L'achat d'automobiles plus simples tel le Sandero de Dacia (Renault) dont les commandes ont été multipliées par 5 en Allemagne en février.
"Ce sont des voitures qui correspondent bien à un besoin dans la crise où l'on veut avoir quelque chose de simple, de pas cher, pas compliqué qui représente une sécurité pour un certain nombre de ménages", explique le directeur général délégué de Renault Patrick Pelata.
Alors bien sûr, la voiture ne peut-être que plus respectueuse de l'environnement. Mais, la grande leçon de cette crise, c'est peut-être que le consommateur est devenu raisonnable quant à l'utilisation de son véhicule automobile et ne désire plus qu'une voiture banale qui le transporte dans le strict respect de la réglementation. Et peut-être que nous sommes en train de vivre la fin du rève de l'automobile comme produit d'identification de réussite sociale ?