Béziers : l’incinération des déchets au coeur des débats

Le 31/03/2014 à 10:14  

Béziers : l’incinération des déchets au coeur des débats

incinération C'est l'histoire de la révision du Plan départemental de prévention et de gestion des déchets non dangereux (ex PDEDMA), qui, approuvé par arrêté préfectoral en 1996, serait en passe d'être modifié. Cette seconde révision, douze ans après de premiers changements, autoriserait à nouveau la possibilité de procéder à l’incinération des déchets, jusqu’alors interdite dans l’ouest Hérault. On ne sera pas surpris par la réaction des associations de défense de l’environnement qui y voient un pavé dans leur mare...

Un peu d'huile suffit à attiser un feu... Dans la ligne de mire, le plan. Avant 1996, l’ouest du département de Hérault était équipé de quatre incinérateurs. Sauf que l'incinération des déchets ayant été finalement interdite, en 96, les installations de Pézenas, Agde, Lamalou et Camplong ont été démantelées. A l’Est, l’incinération restant de mise, les deux sites, basés à Lunel-Viel et à Sète, ont continué à opérer.
2002 : si une première révision engendre quelques modifs, l’incinération reste non autorisée à l’ouest de l'Hérault.
2011 : les travaux visant à projeter un nouveau plan (e PDEDMA est devenu Plan de prévention et de gestion des déchets non dangereux) sont entamés... A la clé, une nouvelle version qui devra être adoptée et par voie de conséquence, une enquête publique (17 mars au 18 avril).

"En 20011, il s’agissait d’un projet de plan et non d’un plan", indique la responsable du service Énergie et déchets au conseil général, Myriam Tancogne. "Entre le plan de 2002, et le début des travaux en 2011, la réglementation a changé. Il y a eu la Directive-cadre européenne, en novembre 2008, qui a établi une hiérarchie dans le traitement des déchets que tous les états membres doivent respecter : la priorité est donnée à la réduction des déchets à la source, puis au réemploi, à la valorisation matière et organique, la valorisation énergétique, puis, en dernier lieu, à l’enfouissement. On nous demande de respecter la hiérarchie. Dans ce cadre-là, on ne peut plus interdire une technique particulière". Suivez le regard.... en direction de l’incinération des déchets.
Zone potentiellement ciblée, l’ouest Hérault. on s'en serait doutéé, sauf que le Département confirme.

Pour l'heure, le projet du conseil général ne parle que d’incinération des boues de STEP qui pourraient être éliminées par "incinération dédiée", par exemple dans des fours de cimenteries. Si ces boues ont été utilisées pour fabriquer du compost à destination de l'agriculture, il semble qu'il y en ait trop " au vu des terres cultivées existantes" (...) "sans compter que le plus souvent, ce compost ne répond pas à la charte que les agriculteurs doivent respecter". D'où l'échappatoire de l'incinération. Pour le reste des déchets non dangereux, le nouveau plan ne dit rien. En dépit de cela, les assos sont sur les dents et refusent déjà ce qui n'est pas encore proposé.

Si le plan "nouvelle formule" entrera bientôt en vigueur, si le territoire de l’Agglo de Béziers, qui dispose de la compétence déchets, n’a apparemment aucun projet immédiat d’installer un incinérateur, il est tout aussi évident que cela n'empêche pas le collectif interassociatif Déchets de l’Hérault (regroupant de nombreuses associations de défense de l’environnement), piloté par Robert Clavijo, de s’opposer, déjà, radicalement qui plus est, à l’incinération des déchets, quels qu’ils soient. Sans doute au cas où...

On n'hésite pas pour l'occasion à balancer quelques vieilles contre-vérités : "l’incinération aggrave la toxicité des déchets puisqu’elle génère d’innombrables polluants qui contaminent l’air, le sol et les eaux. Elle multiplie les décharges puisque l’incinération produit elle-même des déchets divers, qu’il faudra stocker à part comme les deux types de mâchefers, les résidus dépuration des fumées, ceux, liquides, de lavage des fumées..."
Nul doute que dans l'esprit du monsieur, il n'y aurait que le recyclage qui ne génèrerait aucun déchet ultime... Ben non. Ce n'est pas vrai : il suffit pour s'en convaincre, d'aller visiter des sites de recyclage, d'interroger les patrons de ces entreprises et de leur côôôser TGAP (prix à payer pour éliminer les déchets ultimes résultant de leur activité, ndlr)... Il suffit aussi, de vérifier un point et non des moindres : est ce que tout est recyclable techniquement et à un coût acceptable? Ben non, là encore...

N'y allant pas avec le dos de la cuillère, ils poussent plus avant encore, leur discours : Robert Clavijo et François Marc-Antoine (comité de défense des Hauts de Badones-Montimas), considèrent qu'incinération et recyclage sont inconciliables. Que dire des pays qui pratiquent les deux versions, de manière complémentaire et avec succès? Qu'ils ont délocalisé sur la planète Mars???

"Sachez que les installations polluantes sont frappées par une taxe dont la fonction est de dissuader de recourir à ce mode de traitement. Nous avions pris de l’avance en interdisant l’incinération dans l’Ouest Hérault et en détruisant les quatre existants. Aujourd’hui, on revient en arrière ! Par ailleurs, la Directive-cadre européenne n’oblige pas à utiliser l’incinération. Il s’agit d’un choix. Pervers".
Ben voui, mais il se trouve que la TGAP frappe aussi, les entreprises de recyclage, entre autres. Est-ce à dire que le recyclage est une activité polluante? Que nenni : moins de CO2 émis en produisant avec du recyclé, moins de déchets à éliminer, plus de matières premières recyclées à injecter dans le circuit économique... Et on en passe! Alors!? L'assujettissement à la TGAP suffit-il à prouver qu'il ne s'applique que pour des faits de pollution? Bernique! Même pas en rêve!
Il serait temps de faire quelques voyages d'étude, dans les pays du Nord, notamment, en passant par des usines d'incinération dernier cri, des entreprises de recyclage ultra modernes, afin de favoriser le remaniement de ces discours qui datent un peu...