Biocarburants : le Danemark entre dans la danse
Ce pays scandinave a longtemps été réticent à l'intégration de biocarburants dans ses transports. En 2003, l'Europe se dotait d'une directive visant à 5,75% d'incorporation de biocarburants à l'horizon 2010. Le Danemark avait répondu en annonçant un objectif de 0%, considérant qu'il exploitait déjà largement la biomasse dans ses usines à cogénération qui fournissent chauffage et électricité avec un rendement énergétique et économique nettement supérieur à ceux des biocarburants...
6 ans plus tard, le Danemark, pays devant consentir le plus d'efforts pour satisfaire aux exigences européennes d'émissions de GES, est rentré dans le rang et a finalement décidé de s'aligner sur les objectifs de l'Union. Le pays, qui accueillera en décembre prochain la primordiale conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique (COP 15), compte profiter de l'occasion pour présenter aux délégations venues de plus de 200 pays des projets innovants de centrales de production à seconde génération, proches de pouvoir produire à échelle industrielle.
La compagnie danoise SCF Technologies a ainsi mis en place un prototype de centrale qui produit du bioéthanol en retraitant à haute pression les eaux usées. Le procédé, appelé Catliq, se rapproche du mécanisme naturel de synthèse du pétrole. La matière organique est mélangée à un catalyseur homogène avant d'être chauffée et pressurisée. La suspension épaisse qui est ainsi produite est injectée dans un réacteur avec un catalyseur hétérogène, composé d'oxyde de zirconium, de carbonate de potassium et d'ions métalliques. Cette réaction casse les grosses molécules organiques en petites molécules, des alcènes et alcools primaires, qui, avec l'aide des catalyseurs, se retransforment en chaînes carbonées longues qui composent l'hydrocarbure final. Le chlorite, le phosphore, le soufre et d'autres polluants sont filtrés et retraités au cours du cycle de production. Le biocarburant obtenu est donc plus propre que les carburants fossiles non traités.
De son côté, Inbicon (la branche biocarburant du géant danois DONG Energy) entend démontrer en décembre prochain que la production de bioéthanol de source ligno-cellulosique, c'est-à-dire à partir de paille, est viable économiquement et énergétiquement et est surtout presque prête à être industrialisée. La centrale expérimentale de Kalundborg célèbre le mariage d'une centrale électrique et d'une centrale de traitement de la paille. En résumé, la vapeur de la centrale électrique est utilisée pour cuire la paille, et le biocarburant résiduel issu de la centrale de production d'éthanol est réinjecté dans la centrale électrique.
L'énergie contenue dans l'éthanol et les autres produits résiduels est supérieure à l'énergie nécessaire pour la conversion de la biomasse. Le surplus d'énergie de cette centrale à cogénération d'un nouveau type participe à son très bon rendement énergétique et à la viabilité financière du projet. La centrale de Kalundborg devrait dès décembre convertir chaque année 30 000 tonnes de paille. L'usine produira 5,4 millions de litres de biocarburant, 8 250 tonnes de biocombustible solide (les fameux résidus) et 11 100 tonnes de mélasse destinée à l'alimentation du bétail.
crédits photo : Inbicon