Biocarburants : le Portugal passe la vitesse supérieure
L’Université de Coimbra parie sur les micros algues pour la production de biodiesel, tandis que l'Institut Supérieur d'Ingénierie de Porto (ISEP) s'est associe a Bioportdiesel, au centre technologique des industries du cuir (CTIC) et a Curtumes Fabricio afin de produire du biodiesel a partir de résidus de l'industrie du tannage…
La recherche sur le potentiel des micros algues pour la production de biodiesel n'est pas nouvelle. Elle a commencé dans les années 70 aux Etats-Unis et au Japon. Il a été montré depuis que les micros algues présentent de nombreux avantages pour la production alternative d'énergie par rapport aux huiles végétales. Elles peuvent être cultivées dans des tanks et sur des sols inadéquats pour l'agriculture conventionnelle, elles se développent rapidement et surtout elles peuvent être utilisées pour séquestrer le CO2 émis par les unités industrielles.
La Faculté de Sciences et Technologie de l'Université de Coimbra (FCTUC) a lancé récemment un projet de recherche pour déterminer la micro algue la plus adaptée à la production de biodiesel. Elle possède pour cela un atout de taille : la collection d'algue la plus importante du monde. L'algothèque de la FCTUC regroupe en effet près de 4 000 souches différentes de micro-algues d'eau douce, soit plus de 300 genres et plus de 1 000 espèces isolées à partir de différents habitats du Portugal. Les chercheurs possèdent également pour chacune de ces souches des données précieuses telles que la quantité de lipides produite ou la vitesse de croissance.
Ils ont ainsi pu identifier 6 micro algues à fort potentiel. Une de ces souches est actuellement en phase de test dans un bio réacteur. Les premiers résultats sont prometteurs. L'équipe estime pouvoir atteindre une production moyenne de 90 000 litres par hectare et par an avec ces souches. Les chercheurs ont déposé une demande de financement dans le cadre du QREN (Cadre de Référence Stratégique National, en partie financé sur les fonds structurels européens). Ils espèrent obtenir un financement de 300 à 400 000 euros pour construire une installation pilote fermée de un mètre cube.
De son côté, l'Institut Supérieur d'Ingénierie de Porto (ISEP) s'est associé à Bioportdiesel, au centre technologique des industries du cuir (CTIC) et à Curtumes Fabrício afin de produire du biodiesel à partir de résidus de l'industrie du tannage. Le projet s'appelle Fleshdiesel. Il a obtenu en décembre dernier un financement dans le cadre du QREN (Cadre de Référence Stratégique National).
L'objectif de Fleshdiesel est de valoriser un des principaux résidus de l'industrie du tannage : les rognures de peau en tripe. L'idée est de produire à partir de ces résidus du biodiesel, des huiles pour le graissage des peaux et des matériaux protéiques ayant des applications dans le tannage et la finition des peaux. L'industrie du tannage produit un volume considérable de résidus. Le tannage d'une tonne (1 000 kg) de peaux brutes produit en effet: 190 kg de déchets de sciage et d'écharnage, 215 kg de rognures et déchets provenant des peaux tannées et 34 kg de rognures et poussières provenant des peaux finies et colorées.
Le projet Fleshdiesel a été mis en place pour les valoriser et limiter les quantités produites. Le projet est en grande partie focalisé sur la production de biodiesel à partir des graisses. Ce processus implique plusieurs phases parmi lesquelles l'hydrolyse des rognures de peau en tripe pour la séparation des graisses, le raffinage des graisses et enfin la production de biodiesel proprement dite. Deux options sont envisagées : la production de biodiesel à partir des graisses raffinées pures ou à partir d'un mélange de ces graisses avec d'autres graisses animales. Les études à l'échelle du laboratoire et du pilote seront développées dans un premier temps par le CTIC et l'ISEP.
L'adaptation à l'échelle industrielle se fera dans un deuxième temps dans les entreprises partenaires : Curtumes Fabrício et Bioportdiesel. En plus de la production de biodiesel, le projet prévoit d'exploiter d'autres pistes de valorisations possibles des phases protéiques et lipidiques générées par l'hydrolyse des rognures, telles que la production d'huiles sulfatées à partir des graisses ou encore d'enduits protéiques à partir de la phase protéique.
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Sources:
- Site de l'algothèque de Coimbra (en anglais) http://acoi.ci.uc.pt/
- "ISEP vai produzir biodiesel a partir de residuos de couro" - Jornal de Noticias - page 10 - 23/01/2009