Biodéchets : le Cniid ne désarme pas…
La poubelle d’un Français contient plus d’un tiers de déchets alimentaires ou de jardin et donc de matière organique (35%).
« Si la prévention des biodéchets évitables issus du gaspillage alimentaire est une priorité, il est urgent d’agir sur ceux qui sont inévitables, majoritairement incinérés ou enfouis en France. Ces solutions coûteuses s’apparentes à du gâchis », alors que ces déchets sont valorisables, que les sols ont des besoins en amendement organiques de qualité, qu’il est bon d’éviter le recours aux produits fertilisants issus de la pétrochimie, que l’énergie renouvelable produite doit être considérée à sa juste valeur. Sauf qu’à défaut d’un tri soigné, pratiqué à la source, ces déchets ne sont guère valorisés.
Pour le Cniiid, c’est clair : trier les biodéchets, c’est l’avenir, ne serait-ce que parce que valoriser les biodéchets aiderait à répondre aux objectifs du Grenelle : 45% de recyclage d’ici 2015 et 23% d’énergie renouvelable d’ici 2020. D’ailleurs, les gros producteurs (professionnels de distribution et restauration) sont désormais obligés de trier leurs biodéchets. Sans compter que la Commission européenne, la Cour des comptes de l’Union européenne et la Banque mondiale se déclarent favorables au tri à la source et à la collecte séparée des biodéchets.
Au demeurant, l'association rappelle que plus de 90 collectivités françaises l’ont mise en place, cette collecter séparée des biodéchets, en porte à porte ou en apport volontaire, avec un certain succès : 2 210 000 habitants traitent et recyclent 250 530 tonnes de matières organiques contenues dans les déchets ménagers.
Le compostage partagé, en pied d’immeuble, dans les écoles, sur la place du marché ou dans un jardin partagé, ou encore le lombricompostage collectif sont également pour l'association, des modes intelligents de faire de la réduction de déchets devant être éliminés…
La bête noire du Cniid restant le TMB, que l’association présente volontiers comme une menace…
« Le tri mécano-biologique (TMB) est associé à une sorte de nouvelle solution "écologique" pour traiter les déchets ménagers. C’est en fait un risque important que prend une collectivité au regard des impacts économiques, environnementaux et sanitaires que génère ce type d’installation.
Les "composts" qui sortent de ces installations tentent de répondre tant bien que mal à la norme NFU 44051. Celle-ci autorise, par mètre cube de compost produit, la présence de 2,7kg de plastiques et 5kg de verres et métaux qui pourront être épandus sur les sols ».
Et de soutenir aussi, que « les promoteurs de ces installations prétendent faire du compost, utilisable en agriculture, à partir des ordures ménagères, alors que ces dernières contiennent encore des piles ou des déchets de peinture »…
Le Cniid rappelant que « la norme française est bien moins exigeante que la norme européenne, qui a exclu les composts issus de TMB de la liste des produits commercialisables. Même les industriels des autres pays reconnaissent que le « compost » issu de TMB n’a pas pour objectif de retourner au sol (ex. Veolia UK) ».
Aïe…
Cela dit, des concepteurs d’installations de TMB sérieux, il en existe ; ils ne manquent jamais de dire redire et répéter que le compost résultant du process ne peut être de bonne qualité que si le citoyen est respectueux des consignes de tri et par conséquent que le tri constitue une pièce maîtresse dès lors que l'on fait le choix du TMB pour traiter ses déchets ménagers.
De la même manière, ce sprofessionnels affichent la nécessité de mettre en oeuvre le multifilière et non le modèle unique…
de notre point de vue, s’il est évident qu’il faudra barrer la route à des projets qui manqueraient gravement de bon sens (on en a vu…), il est tout aussi clair qu’on ne peut éradiquer purement et simplement une manière de traiter les déchets ménagers. Le nivèlement par haut devant rester de mise, parce que le bon marché peut in fine, coûter très cher…
Dans la logique de sa prise de position, le Cniid lance une grande offensive à compter de ce jour, 4 juin 2013, en faveur de la collecte séparée des biodéchets. Intitulée "Je veux mon sac bio", cette campagne a pour objectif d’interpeller les décideurs politiques sur la question de la gestion des biodéchets en France les élus locaux (pour qu’ils formalisent la gestion séparée des biodéchets sur leurs territoires), mais également les décideurs politiques au plus haut niveau (pour qu’ils la favorisent et freinent le développement du tri mécano-biologique en France).
Il sera bon de rappeler que l'association participe au groupe de travail du Conseil National des Déchets (CND) sur la valorisation organique pour transmettre son expertise et porter ses propositions.
Les élections municipales de 2014 seront l’occasion pour les candidats de se positionner sur cette question, cruciale au niveau local. En effet, la gestion des déchets fait partie des compétences des collectivités et a des impacts conséquents sur les administrés, en termes de coûts, de pollution, de modes de vie».
Pour ce faire, quelques outils, via www.jeveuxmonbacbio.org...
Un site internet afin de donner une information claire au grand public.
Une pétition pour collecter les signatures des citoyens qui permettront d’interpeller les élus locaux et nationaux lors des prochaines échéances politiques où le sujet sera mis sur la table (Conférence environnementale à l’automne 2013 et les élections municipales de 2014).
Une vidéo à partager via les réseaux sociaux pour que le grand public s’approprie la problématique et diffuse la campagne.
Une partie du site internet est dédié aux élus et agents des collectivités pour leur apporter des arguments concrets, adaptés à leurs attentes et leurs besoins :
Grandes directions règlementaires françaises et européennes
Mise en garde sur la technologie du tri mécano-biologique (TMB)
Informer sur les aides financières existantes de l’Ademe
Mise en relation avec le Réseau Compost Plus, association de collectivités ayant mis en place la collecte séparée des biodéchets
« La France est l’un des derniers pays d’Europe à utiliser cette technologie risquée, mal contrôlée et coûteuse pour produire un compost destiné à l’agriculture, à partir d’ordures ménagères en mélange.
La campagne s’inscrit dans le cadre national et européen de prévention et de valorisation des déchets et plus largement de la transition écologique »… Pour Laura Caniot, chargée de mission Prévention des déchets et alternatives, « si la France veut répondre aux objectifs tels que définis, d’ici 2020, les biodéchets ne doivent plus être les grands oubliés de la gestion des déchets ».