Biofiltration : le Québec exporte son savoir-faire
Le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) a signé récemment deux nouvelles ententes de coopération de recherche : la première avec l'Institut Mexicain des Technologies de l'Eau (IMTA), et l'autre avec le Harbin Institute of Technology (HIT) de la province du Heilongjiang (Chine). Objectif : l'adaptation d'une de ses technologies de biofiltration (répondant au doux nom de "Biosor") à la problématique du traitement du lisier de porc...
Tout a commencé par l'intermédiaire de Marco Garzon, un étudiant mexicain, venu faire un doctorat au CRIQ sur la biofiltration. A son retour au pays, celui-ci a été embauché par l'IMTA, dont la mission est de générer connaissances et d'implanter des technologies permettant d'assurer le développement durable de l'eau au Mexique. M. Garzon a poursuivi ses échanges avec le CRIQ grâce à la signature d'une entente de 3 ans dans le but d'identifier des matériaux indigènes qui pourraient remplacer la mousse de tourbe et les copeaux de bois utilisée au Québec dans la technologie Biosor : ceux-ci sont en effet très coûteux au Mexique. Les travaux, qui se limitaient au traitement des effluents d'origines domestiques et municipales, ont été concluants et ont donné naissance à Biotrop : une technologie de biofiltration sur support organique qui permet de traiter à la fois les effluents liquides et gazeux.
"La technologie Biosor st très efficace dans le domaine du traitement du lisier de porc. Elle est déjà implantée sur quelques fermes porcines au Québec et en France. Il s'agit donc d'adapter la technologie Biotrop au secteur porcin mexicain, où l'on retrouve des températures plus élevées ainsi que des charges et des concentrations de lisier différentes de celles observées au Québec", a précisé Laurent Côté, Vice-président, Développement technologique au CRIQ. Ce dernier s'est d'ailleurs rendu au Mexique le mois dernier en compagnie de Gerardo Buelna, Docteur-Ingénieur et chef d'expertise en traitement et bioconversion au CRIQ. Objectif : renouveler cette entente IMTA-CRIQ pour les 4 prochaines années et en conclure une autre sur la commercialisation du Biotrop et sur le partage des coûts de la protection par brevet de cette technologie au Mexique. Celle-ci permettra de travailler sur la problématique du lisier de porc.
En Chine, le surplus de lisier à gérer a entraîné des pressions environnementales et sociales importantes à cause des risques accrus de pollution des eaux, de l'air et du sol, accompagnées d'odeurs indésirables générées aux bâtiments d'élevage, à l'entreposage, au transport et à l'épandage de ces lisiers. Les Chinois se sont donc intéressés à la technologie du CRIQ et ont été séduits par la simplicité, l'efficacité et les faibles coûts du procédé Biosor. A l'arrivée, le Harbin Institute of Technology (HIT - une importante université chinoise) et le CRIQ ont donc convenu de réaliser des travaux de R&D visant l'application de cette technologie au marché chinois.
Tout comme pour le Mexique, les copeaux de bois, la tourbe et les écorces seront remplacés par de nouveaux produits indigènes disponibles en Chine comme milieu filtrant afin de rendre la technologie plus rentable et efficace. Pour ce faire, le CRIQ accueillera un étudiant au doctorat du HIT pour la réalisation d'un stage de recherche sur la biofiltration durant une période de douze mois. Par ailleurs, un deuxième projet est aussi prévu cette année : il concerne la digestion anaérobie (méthanisation) de résidus organiques pour la production de biogaz et d'hydrogène. Cette fois, un étudiant au doctorat de l'Université Laval participera à la réalisation de ce projet en faisant un stage au HIT.
En rapport avec le sujet, nous vous renvoyons à la lecture de notre article : Méthanisation : focus sur les lisiers d'élevage.