Biogaz issu de cultures énergétiques : quel éco-bilan ?
L'Ademe a récemment mis en ligne une étude intitulée "Analyse de Cycle de Vie (ACV) du biogaz issu de cultures énergétiques - Valorisation en carburant véhicule et en chaudière, après injection dans le réseau de gaz naturel". Celle-ci a été menée dans un but prospectif : elle vise à dresser un premier diagnostic sur le rôle des cultures énergétiques dans les bilans énergétiques et environnementaux d'une filière de méthanisation. Les impacts ont été comparés à chaque fois à ceux des carburants ou combustibles fossiles (gaz naturel, gazole)...
On le sait : la méthanisation des déchets organiques de diverses origines est une voie prometteuse de traitement qui permet une production d'énergie. Produisant un gaz riche en méthane, le biogaz (pouvant être épuré), elle permet de proposer un produit de substitution au gaz naturel. Elle offre de plus un coproduit, le digestat, hautement valorisable en tant qu'engrais et amendement organique.
"On peut toutefois s'interroger sur les bilans environnementaux de ces filières dès lors qu'elles ne sont plus uniquement une manière efficace de valoriser des déchets. En effet, les agriculteurs peuvent être tentés d'incorporer au mélange à méthaniser des matières premières agricoles cultivées à cette fin. Ces cultures dites énergétiques entraînent l‘émission de molécules ayant un impact reconnu sur l'environnement (N2O, NO3, NH3...) ainsi qu’une consommation d'énergie lors de leur production, directement ou à travers la production d'engrais", indique l'Ademe. "C'est pour répondre à cette question qu'une étude a été menée. Elle vise à dresser un premier diagnostic sur le rôle des cultures énergétiques dans les bilans environnementaux d'une filière de méthanisation".
A noter : toutes les situations n'ont pu être étudiées. Un seul substrat principal a été étudié (le lisier) en codigestion avec les cultures énergétiques ainsi que 2 utilisations du biométhane produit (en carburant véhicule et en chaudière, après injection dans le réseau de gaz naturel). L'étude examine notamment l’utilisation de différentes cultures (maïs, sorgho, prairies, bandes enherbées avec des scénarios faisant varier la part de biogaz issu des cultures énergétiques, de 1/3 à 90%). Elle a de plus été prudente dans les données utilisées.
Ces travaux confirment les réductions d’émissions de GES intéressantes de la filière de méthanisation par rapport aux filières fossiles, comprises entre 50% et 70% selon les cultures et leur taux d’incorporation. Ces gains sont estimés sans prendre en compte les changements d’affectation des terres, qu’ils soient directs ou indirects. Ils démontrent également que l'introduction de cultures énergétiques n'est pas de nature à annuler les réductions intéressantes d’émissions de GES d'une filière de méthanisation par rapport à des équivalents fossiles, sauf à imaginer des enjeux conséquentiels tels que les changements d'affectation des sols indirects. Attention toutefois : "Ces gains se font au détriment d’autres problématiques environnementales ; on parle alors de transferts de pollution. L’incorporation de cultures énergétiques entraine des évolutions globalement défavorables sur les autres catégories d'impacts comme l’acidification, le potentiel d’eutrophisation, ou la consommation d’eau", souligne l'Ademe.
Pour plus d'informations, vous pouvez retrouver l'intégralité de cette publication ici (format PDF, 2 Mo, 142 pages).