Biomasse et bois énergie : un état des lieux
La France est riche d’un patrimoine forestier estimé à plus de 15 millions d’hectares, soit près de 2,3 milliards de m3 de bois. Pour une gestion durable des forêts, seule une partie des intérêts de ce capital est exploitée. Or aujourd’hui, sur une production nette annuelle estimée à environ 103 millions de m3, on ne récolte que 50 à 60 millions de m3. Dans un contexte d’épuisement des énergies fossiles, cette réserve de biomasse serait-elle une opportunité pour de nouveaux usages, notamment énergétiques ?...
A la demande du ministère de l’Agriculture et de la Pêche, spécialistes de sylviculture et modélisateurs de la croissance végétale du Cemagref ont estimé, à partir des données de l’Inventaire Forestier National, les possibilités d’exploitations forestières supplémentaires de bois à usages énergétiques et industriels pour la période 2006-2016. Les économistes ont complété l’étude par une approche macroéconomique basée sur l’équilibre de l’offre et de la demande. Coopératives forestières, industriels du bois et gestionnaires de l’ONF ainsi que des services du ministère ont validé les scénarios d’exploitation dans un contexte régional.
Cet inventaire ne fut pas chose aisée, car le décompte est plutôt complexe. En effet, de la "disponibilité théorique", on doit déduire la "disponibilité effective" et tenir compte des conditions d’accessibilité aux bois et du morcellement très important de la propriété forestière. De plus, le comportement socioéconomique des 3 millions de propriétaires forestiers français est mal connu, avec des motivations à gérer très diverses. Au final, sur les 12 à 20 millions de m3 par an de bois théoriquement disponibles, il est probable que seulement 5 à 10 millions de m3 par an soient mobilisables dans les années à venir.