Fin juin 2017, la France comptait 35 unités de production de biométhane, soit une capacité d’injection d’environ 500 GWh, grâce à 9 installations de plus depuis le début d’année (c'est à dire autant que sur l'intégralité de l’année 2016) : des données qui montrent un décollage de la filière, mais avec néanmoins de fortes disparités constatées entre les différents types de projets, mais aussi la diversité des technologies utilisées. Aussi, il est difficile à ce stade de parler d’industrie mature car si la montée en puissance du secteur montre que la technique est relativement maîtrisée, les acteurs de la filière sont encore fragiles...
Les banques échaudées par quelques déconvenues sur la méthanisation électrique restent prudentes et sont encore dans l’attente de résultats plus solides.
Les constructeurs de process industriel n’ont pas suffisamment d’installations en France pour mettre en place des services de maintenance capables d’offrir des prestations de qualité en terme de rapidité d’intervention en ou d’apporter de réelles garanties.
Enfin, il n’existe pas de retour sur l’exploitation des unités d’injection qui permet de penser que les coûts sont maîtrisés sur le long terme alors même que ces coûts sont structurellement amenés à diminuer.
Parmi les centrales en service, on dénombre 22 projets d’agriculteurs autonomes ou en groupement, 10 unités issus d’installation de valorisation des déchets (Décharges de déchets ménagers, ISDND, Stations d’épuration des eaux usées -STEP) en liens très étroits avec les collectivités territoriales, et seulement 3 centrales à dominantes territoriales, industrielles ou agro-industrielles.
Seules les installations purement agricoles, dont la première fut mise en service en 2013, peuvent aujourd’hui commencer à prétendre à un retour d’expérience significatif en terme de durée et de volume de projet. Il n’en est pas de même pour les autres catégories : les STEP ont connu une forte accélération depuis l’année dernière en raison de leur facilité à équiper, les premières centrales territoriales industrielles ont été installées l’année dernière et sont en partie encore en phase de montée en puissance.
Par ailleurs, les différentes technologies de production de biométhane n’ont pas été toutes testées. A titre d’exemple, la technologie en « voie sèche » devrait être utilisée de manière massive pour la méthanisation dans la plupart des zones de plaines céréalières. Or les
premières centrales d’injection utilisant cette technologie sont actuellement en construction.
Cette diversité des projets en fait un secteur de prédilection en matière d’innovation, à la fois de terme de process ou de technologie, qui permettra à terme de réduire le coût de production du gaz.
Par ailleurs, la localisation des installations sur l’ensemble du territoire métropolitain en fait l’un des axes majeurs d’économie circulaire et de développement territorial. Dans ce contexte, il s’agit de donner au secteur la stabilité nécessaire pour permettre à la filière un retour d’expérience sur tous ses sous-segments, dont la contribution de chacun est indispensable à la réalisation de l’objectif national fixé à 10% de la consommation de gaz à partir de biométhane soit une production annuelle de 30TWh. La pierre angulaire du système reste le tarif d’obligation d’achat qui offre une réelle visibilité sur les revenus.
Pour accélérer le financement des projets et conforter la dynamique de la filière biométhane, il faut prolonger le contrat d’achat de 15 à 20 ans. En effet, le biométhane est la seule énergie renouvelable à garder un contrat d’achat de 15ans, contrairement à l’électricité solaire, à l’électricité éolienne dans le contrat de rachat 2017 et même celle produite à partir de biogaz. En 2018, selon les projections de la commission de régulation
de l’énergie, le soutien à la filière biométhane sera de 100 millions d’euros à comparer aux 5,4 milliards d’euros de soutien à l’électricité verte.