Biométhanisation : les carottes sont loin d'être cuites !
Le Groupe landais Larrère, un des leaders européens de la culture de la carotte, produit désormais avec ses déchets de l’électricité pour l’équivalent de 410 foyers, de la chaleur pour 265 foyers, ainsi que 3 450 tonnes de fertilisant, le tout en réduisant de façon drastique ses émissions de CO2...
Acteur incontournable de la carotte en Europe, le Groupe Larrère est devenu leader sur le marché Bio. En seulement 30 ans, cette famille Chalossaise, installée en Haute-Lande, a développé ses marchés dans le respect des valeurs et de la culture-qualité de ses produits. Engagée dans une démarche respectueuse de l’environnement, l’entreprise cultive aujourd’hui près de la moitié de ses surfaces en bio (700 ha). Des savoir-faire désormais déployés sur le reste des cultures qui bénéficient d’une approche "agriculture raisonnée".
Le Groupe a inauguré ce jeudi son unité de biométhanisation GreenWatt en Aquitaine. La stratégie de développement durable initiée par cette entreprise familiale trouve ici sa suite logique. La production d’énergie à partir de déchets végétaux constitue en effet un axe de diversification à la fois original et prometteur pour ce maraîcher qui n’en est pas à sa première innovation.
"Notre défi était clair : produire plus d’énergie que nous n’en consommons. Aujourd’hui, nos installations de biométhanisation multi-étagées nous rendent non seulement autonomes, mais elles génèrent également un engrais organique de haute qualité qui se substitue aux produits chimiques, tout en permettant de réduire nos émissions de CO2 de 2 000 tonnes par an, soit l’équivalent de 14 millions de kilomètres en voiture diesel", explique Philippe Larrère, dirigeant de la SARL Larrère & fils.
La famille Larrère, qui produit plus de 30 000 tonnes de légumes par an, valorise désormais 6 500 tonnes d’écarts de tri et de coproduits agricoles. "Les déchets agroalimentaires ont longtemps constitué un poste très coûteux pour l’industrie et un problème éthique pour le Groupe. Ils sont désormais une source renouvelable d’énergie et de revenus dans un secteur d’activité ayant bien besoin de l’un comme de l’autre, et qui fera bientôt plus que nourrir la planète", indique Frans Smeulders, CEO de GreenWatt.
Pour ceux qui auraient besoin de précisions, la biométhanisation est un procédé naturel de dégradation de matières organiques par des micro-organismes en l’absence d’oxygène et dans des conditions bien spécifiques, que ce soit au niveau de la température ou du pH. Le biogaz produit est riche en méthane et peut donc, comme le gaz naturel, être brûlé pour produire de l’énergie dans un moteur de cogénération qui permet la production combinée d’électricité et de chaleur afin de maximiser le rendement global de l’installation. Le biogaz peut également être épuré et injecté dans le réseau de gaz naturel.
La technologie développée par GreenWatt, dite "multi-étagée", est unique et se base sur le principe de séparation des différentes étapes du procédé de biométhanisation en 3 réacteurs distincts dans le but de pouvoir ajuster les paramètres de ces différentes réactions indépendamment l’une de l’autre. Cette innovation permet d’assurer la robustesse, la fiabilité, la flexibilité et le rendement de l’unité de méthanisation. De plus, le digestat issu du procédé est un engrais de qualité dont les propriétés varient selon les substrats digérés.
En outre, le cœur de la technologie GreenWatt se nomme "HYFAD" ("High Yield Flushing Anaerobic Digestor"). Il s’agit d’un design breveté qui prévient le colmatage du biofilm via un système de rinçage unique, ce qui garantit le haut rendement de la méthanisation. Enfin, le digesteur offre une solution simple et efficace à l’épuration des eaux usées chargées en DCO (Demande Chimique en Oxygène).