Bois-biomasse : attention au gaspillage !
Le MEEDDM a présenté en janvier le résultat de l’appel d’offre lancé il y un an par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE). 32 nouveaux projets d’unités de cogénération alimentées par la biomasse ont été retenus pour une puissance totale de 266 MW (voir notre article) ; un nouvel appel à projet devrait être lancé dans la foulée. Dans un communiqué, France Nature Environnement exprime ses inquiétudes...
Question primordiale : d’où viendra le bois nécessaire à ces projets ? Cette inquiétude des associations de protection de la nature est particulièrement présente sur les territoires où s’installent déjà les unités issues des appels à projets précédents (CRE 1 en 2003 et CRE 2 en 2006). "Même si les projets s’appuient sur des approvisionnements mesurés, cette approche n’est que théorique car il est impossible de maîtriser la récolte. De plus, la ressource est souvent promise plusieurs fois par les fournisseurs potentiels tant que les projets ne sont pas réalisés", indique François Lefèvre, responsable Forêt à FNE.
Sur les 32 nouveaux projets, 19 s’approvisionnent uniquement en plaquettes et biomasse forestières et 6 utilisent les plaquettes forestières en complément d’une autre ressource. La demande en bois-énergie va être ainsi fortement accrue ; les risques sont donc :
une surexploitation des forêts au détriment des écosystèmes et de leur biodiversité ;
la mise en place de cultures dédiées à l'énergie au détriment des approvisionnements alimentaires de l'agriculture et en bois matériau de la forêt, ce qui est en complète opposition avec les conclusions du Grenelle et la hiérarchisation des usages du sol (engagement 55) ;
un détournement malheureux des approvisionnements de certaines filières dont le bilan carbone est positif, comme l’industrie du panneau qui a récemment fait son ACV (Analyse de Cycle de Vie) ;
l'importation de bois-énergie au détriment de l'efficacité énergétique et de la balance commerciale.
Pour France Nature Environnement, de tels projets, dont l’ampleur pourrait dépasser le niveau d’approvisionnement local, seraient un non-sens alors que se développe le programme "1 000 chaufferies bois pour le milieu rural" initié par la Fédération Nationale des Communes Forestières. Ce dernier, en phase avec les territoires, permet une efficacité énergétique et sociale. "Le manque de coordination entre les différentes initiatives du Ministère de l’écologie et du Ministère de l’agriculture concernant l’utilisation du bois rend cette politique de plus en plus illisible", s'inquiète la Fédération.
"Nous demandons un moratoire sur ces grands programmes afin de se donner le temps de faire le point sur la quantité de ressources réellement mobilisable dans les territoires. Le respect du calendrier énergétique ne doit pas conduire au gaspillage d'une ressource, certes, renouvelable mais épuisable ! Nous avons le devoir de la plus grande efficacité énergétique quant à son utilisation", conclut FNE.