Boues de dragage : une filière de valorisation à creuser
La 50ème édition du Salon nautique de Paris se tient actuellement à la porte de Versailles (et ce jusqu'au 12 décembre prochain - voir ici). Il s'agit du rendez-vous annuel pour découvrir les nouveautés 2010-2011 dans le monde du nautisme ; une véritable vitrine composée de près de 1 200 exposants et 1 400 marques pour une fréquentation de plus de 236 000 visiteurs. A cette occasion, France Nature Environnement (FNE) souhaite mettre un coup de projecteur sur l’impact des boues de dragage, conséquence notamment de l’entretien et de l’extension des ports de plaisance, toujours plus nombreux...
Les boues de dragage sont le produit du creusement des chenaux estuariens, des travaux d’équipement côtiers et, surtout, de l’entretien des ports. Ces boues sont généralement rejetées en mer, non sans effets sur l'environnement et risques sanitaires croissants. Dans un communiqué, FNE exprime son inquiétude sur les répercussions écologiques qu’a l’immersion en catimini et en quantités croissantes de ces déchets, mais aussi pour la santé et pour les professionnels de la pêche et de l’aquaculture, en particulier dans la perspective de la mise en place prochaine d’une éco-labellisation de ces activités. "Comment continuer d’accepter le déversement sur les fonds marins de dizaines de millions de tonnes de déchets quasiment sans aucun contrôle ? Chose aujourd’hui impensable à terre !", déplore l'association.
Ces boues et les contaminants de l’alimentation entretiennent des liaisons dangereuses. Dès la fin des années 60, d’importantes pollutions diffuses par des composés organiques stables (organochlorés, à commencer par l’ancêtre, le DDT, puis les PCB dans les années 70) ou par des métaux lourds sont observées. Elles ont conduit à des concentrations significatives, voire importantes, chez les animaux supérieurs en fin de chaîne alimentaire et chez l’homme lui-même. Des effets considérables sont dès lors observés, tant en milieu terrestre qu’aquatique, notamment sur la reproduction ou la mortalité de certaines espèces marines (oiseaux en particulier).
Certaines populations humaines littorales consommant beaucoup de poissons se sont révélées singulièrement exposées. Dans le cas du mercure, dont le cycle marin passe par une biotransformation en méthyl-mercure au niveau des sédiments, l’empoisonnement a produit de très nombreux cas de graves handicaps neurologiques et des cas mortels, parfois en assez grand nombre comme à Minamata au Japon, situation comprise en 1959 et révélée au monde à partir de 1970.
Le Salon nautique est l’un des moments privilégiés au cours duquel le grand public s’intéresse à la mer, espace de liberté, de rêve, de baignade, et autres loisirs nautiques, mais aussi de beaucoup d’activités économiques. C’est aussi le lieu de rencontres privilégiés des acteurs de la plaisance dont les installations portuaires sont à l’origine de très nombreux dragages qui produisent des boues polluées en quantité importantes.
"L’interdiction de rejet et le traitement des boues toxiques est un impératif. Le coût des opérations de tri et de traitement n’est pas un argument recevable. N’oublions pas que, le plus souvent, ces dragages sont réalisés dans le cadre de projets dont l’intérêt est d’abord d’ordre financier, ou lors d’opérations de désenvasement de ports de plaisance où il faut parfois 10 ans d’attente pour obtenir un anneau ! N’oublions pas que des filières de valorisation peuvent aussi être mises en place", explique Christian Garnier, Vice-président de FNE.