Boues de STEP et biométhane : un problème de tarifs ?

Le 08/07/2014 à 15:45  

Boues de STEP et biométhane : un problème de tarifs ?
boues d’épuration Le Synteau (Syndicat national des entreprises du traitement de l'eau) communique sur l’autorisation d’injection de méthane issu des boues d’épuration dans les réseaux de gaz. Tout en s’en félicitant, les professionnels du Syndicat demeurent préoccupés par le dispositif financier envisagé. En effet, selon eux, les conditions tarifaires ne permettent pas de garantir le développement de la filière...
 

 Les 3 textes règlementaires qui viennent d’être publiés (voir notre article) étaient très attendus par les entreprises qui conçoivent et construisent les installations de traitement de l’eau et des boues d’épuration. Dans un communiqué, les entreprises du Synteau se félicitent de l’autorisation de l’injection de biométhane issu des boues d’épuration dans les réseaux de gaz. Elles considèrent toutefois que le dispositif financier sera insuffisant pour inciter les 350 collectivités de plus  de 30 000 habitants qui ne disposent pas encore de méthanisation.

 La production de biométhane est une des voies de valorisation possible du biogaz obtenu à partir des boues d’épuration. Le biométhane s’obtient après méthanisation des boues, puis épuration du biogaz brut. Les innovations dans ce domaine sont maitrisées et le potentiel énergétique de ce biométhane à partir de boues d’épuration est estimé 1 530 GWh/an. Or aujourd’hui, seulement 15% des usines de traitement des eaux usées de plus de 30 000 EH (Equivalent Habitant) sont équipées d’installations de méthanisation. Outre la production d’une énergie renouvelable et durable, le développement de la production de biométhane dans les usines de traitement des eaux usées répond également à plusieurs enjeux, à savoir : réduire de la quantité de déchets que constituent les boues d’épuration ; améliorer l’empreinte environnementale des usines de traitement des eaux usées ; optimiser le bilan énergétique et économique d’exploitation de ces usines ; soutenir l’emploi dans un secteur très impacté par la conjoncture économique.

 Le biométhane peut également être utilisé en tant que carburant, reconnu pour ses intérêts en termes de santé publique : pas d'émissions de fines particules et réduction des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre). Les boues d'une ville de 100 000 habitants permettent d'alimenter 20 bus, ou 20 BOM (Bennes à Ordures Ménagères), ou encore 100 véhicules légers. "Ces gains environnementaux et économiques dans la durée nécessiteront au départ des investissements importants pour revoir les filières de traitement des usines de traitements d’eaux usées et installer des digesteurs, auxquels s’ajoutent des surcoûts spécifiques liés à la digestion des boues d’épuration (génie civil, sécurité, traitements des digestats...)", indique le Synteau.

tarifs Problème : d'après le Syndicat, les tarifs envisagés ne permettront pas d’assurer la rentabilité de la filière. Dans l’attente d’une réévaluation des tarifs, le Synteau estime donc qu’il sera indispensable de prévoir des aides à l’investissement, à l’instar de ce qui est mis en place pour la méthanisation dans l’agriculture. Sur la base d’une étude de rentabilité réalisée par le Syndicat, ces subventions devraient être de l’ordre de 25%. "Si l’autorisation qui vient d’être accordée est un premier pas important, cet appui financier sera nécessaire pour répondre aux objectifs du contrat de filière du Cosei-eau (groupe eau du Comité stratégique des éco-industries) et de la feuille de route du programme de la filière eau de la Nouvelle France Industrielle", précise le Synteau.

 Dans ce contexte, les professionnels du Syndicat s’inquiètent des conséquences de la loi de finance rectificative 2014 qui, si elle devait être adoptée en l’état, supprime plus de 200 millions d’euros des crédits d’investissements dans les domaines de la transition énergétique, ville durable, et climat. Comme le souligne Jean-Luc Ventura, Président du Synteau, "nous avons là l’occasion de concrétiser le développement d’une économie circulaire dans la filière de l’eau ; les moyens mis en œuvre se doivent d’être à la hauteur de cet enjeu".

En rapport direct avec le sujet et l'actualité du Synteau, nous vous renvoyons à notre brève : Méthanisation des boues d’épuration : une fiche pratique.