BPHU : les Recycleurs bretons se mettent à l'eau
Après les VHU (Véhicules Hors d'Usage), si on parlait des BPHU, les Bateaux de Plaisance Hors d’Usage ?... Le parc plaisancier français est de 800 000 bateaux immatriculés, dont seulement 500 000 sont utilisés. Chaque année, environ 25 000 bateaux de plaisance (ce qui représente quelque 10 000 tonnes de déchets) arrivant en fin de vie sont laissés à l’abandon, stockés, brulés, ou coulés en mer. Ce tonnage devrait atteindre 15 000 tonnes en 2015 et 20 000 tonnes à l’horizon 2015. L’ensemble de ces navires renferment des déchets dangereux (huiles usagées, batteries...) et des matériaux soit recyclables, soit nécessitant une transformation en vue de leur valorisation. Les Recycleurs bretons ont décidé de s'attaquer à ce marché en créant un réseau de partenaires collecteurs...
Les Recycleurs bretons innovent et mettent en place la déconstruction et la valorisation matière et énergétique des BPHU. C’est chez Rolland Marine à Plougasnou (29) qu'ils ont présenté fin septembre la création d’un réseau de partenaires, destiné à collecter et assurer le traitement de ces bateaux. Objectif : "traiter de façon responsable les déchets en assurant un service respectueux de la réglementation en vigueur et en luttant contre l'enfouissement par la valorisation énergétique, grâce à la fabrication d'un CSR (Combustible Solide de Récupération)", indique l'entreprise finistérienne.
Situé sur la Manche et l'Atlantique, ce réseau des partenaires collecteurs compte plus de 40 professionnels du nautisme (professionnels du nautisme et des activités nautiques, capitaineries, ports à sec, assureurs, clubs de voile) 3 mois après son lancement. Il permet de faciliter la démarche aux propriétaires en leur proposant une solution de collecte locale. Les Recycleurs bretons prennent le relai en assurant le transport des bateaux jusqu’aux centres de traitement de Plouigneau (29), Caudan (56), Guilers (29) et Crozon (29).
Les bateaux sont alors déconstruits, puis les matériaux triés et recyclés (bois, métaux...) en plusieurs étapes :
l'identification des polluants se trouvant à bord du navire et extraction (batterie, fusées de détresse, hydrocarbures et huiles situés dans la machine) ;
le pompage des eaux grises et des eaux noires ;
la ségrégation des matériaux (bois, mousses, résines, béton, métaux ferreux et non ferreux...) ;
le tri des matériaux par famille et valorisation dans les filières de traitement adaptées et réglementaires ;
le traitement et la valorisation dans les installations des Recycleurs bretons, ou l'expédition vers des filières spécialisées suivant la nature des matières ;
la traçabilité des matériaux et établissement d’un certificat de prise en charge ;
la destruction attestant de la prestation auprès des affaires maritimes.
Les matériaux qui ne se recyclent pas en l’état sont acheminés vers le centre de tri haute performance, situé à Guipavas (29), pour être transformés en CSR. Les technologies innovantes de séparation, aéroliques (séparation des légers et des lourds) et optiques permettent de préparer une fraction combustible destinée aux industries et cimenteries. "Notre objectif est d’aller au plus près des clients. Les coûts de logistique et de manutention sont très onéreux, il faut donc faciliter la démarche des particuliers et le réseau permet de limiter les coûts. La Bretagne regorge de bateaux en fin de vie, nous privilégions donc le territoire breton", explique Yann Rolland, PDG des Recycleurs bretons.