Bretagne : Brocéliande et la féé Viviane au pays des déchets
Un projet de centre d'enfouissement des déchets met le village morbihannais de Concoret en émoi. Situé en effet, en limite de la forêt de Brocéliande, ce village a construit sa renommée avec son château de Comper où, selon le mythe arthurien, naquit la fée Viviane. "Non seulement ce projet va nuire à notre image mais en plus, il y a incompatibilité avec la nature du sous-sol", affirme Philippe du Monteil, Président de l'association Sauvegarde de Brocéliande....
Le projet est proposé par le Smictom de Saint-Méen-le-Grand, Syndicat intercommunal de collecte et de traitement des ordures ménagères qui opère pour 65 communes d'Ille-et-Vilaine, des Côtes-d'Armor et du Morbihan. En l’état actuel de choses, le syndicat exporte ses déchets, vers la Mayenne : chaque jours, ce sont en effet cinq ou six semi-remorques qui prennent la direction du centre de stockage de Changé…
Le président du syndicat, Philippe Chevrel, rappelle le coût des trajets, "2 millions d'euros par an", s’oppose à la façon de procéder : "C'est facile, dit-il, d'envoyer ses déchets ailleurs » …
Le Smictom a opté pour l'enfouissement en centre technique. Les matières recyclables seraient séparées des déchets fermentescibles destinés à la production de compost et le solde, les "déchets ultimes", serait enfoui. S’il est vrai que le site retenu, propriété du Smictom, est situé sur la commune de Gaël, il est, en réalité, plus proche de Concoret. De plus, ce site a accueilli, autrefois, une décharge et, jusqu'à l'an dernier, une unité de broyage.
Mais le futur centre génère une levée de boucliers car il s'étendrait sur 12 hectares. L'opposition au projet est d'autant plus vive qu'une entreprise exploite déjà, à proximité, une plate-forme de fermentation de déchets verts et de fientes de volailles.
Main dans la main, les élus de Concoret et ceux de Gaël y sont farouchement opposés.
L'enquête publique est désormais achevée et a donné lieu à un avis favorable, à deux réserves près : la première liée à la forte fréquentation touristique des lieux, la seconde à la présence d'une faille dans le sous-sol de schiste rouge.
Le syndicat a donc décalé l'implantation du futur site de 40 mètres pour l'éloigner un peu des limites de la forêt et un expert géologue a été désigné pour l'analyse du sous-sol.
Pour autant, ces précautions n'ont pas, pour le moment, rassuré les habitants.