Brique alimentaire : on est loin des 100% de recyclage
Le recyclage des briques alimentaires, déchets d'emballage ménagers parmi d'autres, ne jouit pas d'une image très positive. De part la complexité de réutiliser certains matériaux qui la composent, la brique est un des contenants les moins bien recyclés en France : 43% sont triées correctement, contre 51% pour les bouteilles plastique et 71% des bouteilles en verre. La filière de recyclage a donc grand besoin de se structurer. En effet, 36 000 tonnes de briques sont jetées chaque année, 20 000 tonnes partent en Espagne, et 10 000 en Allemagne. Le traitement ne se fait donc même pas sur place. Dès la fin 2011, le volume valorisé outre-Rhin aura été transféré en France, grâce au lancement d'une nouvelle usine à Laval-sur-Valogne (Lorraine), exploité par le groupe italien Lucart.
La brique alimentaire est composée à 73% de carton, que l'on sait recycler depuis longtemps, mais aussi de plastique (polyéthylène) à 23% et d'aluminium à 4%. Le problème se situait surtout au niveau du recyclage des deux derniers matériaux. Il semblerait que cela soit désoremais possible (à quel prix?) via la société Traidib (Près de Nevers) et bientôt la société Lucart France. La première produit déjà du broyé issu du plastique et de l'aluminium. En 2010, Traidib a traité 3 000 tonnes sur les 9 000 tonnes de gisement combiné issues de la collecte française des briques alimentaires. Ce pourcentage reste faible, surtout si l'on considère que 36 000 tonnes sont jetées chaque année.
Les matières plastiques et l'aluminium composant cet emballage, représentant 3 350 tonnes par an, sont recyclés à l'usine Traidib (1 500 tonnes par an). La société utilise cette matière première secondaire, traitée depuis 2006, dans la production de piquets de vigne, une activité jugée on ne peut plus intéressante puisqu'elle rapporte environ 80% de son CA annuel. Le PE et l'aluminium combinés apportent solidité et allongent la durée de vie des produits. En plus de ces piquets, Traidib fabrique du mobilier de jardin, des bancs, et outres objets du même style. Bientôt, elle espère réaliser de l'enrobé pour les routes.
La société Tradib annonce la construction d'un nouveau site qui va lui permettre d'augmenter sa capacité à recycler PE et aluminium associés, pour atteindre 4 500 tonnes traitées en 2011, soit 50% du gisement de la collecte française. Le groupe Lucart France (du groupe italien Cartiera Lucchese) compte quant à lui investir dans un compacteur d'un montant de 1 million d'euros. Au final, la société pourrait traiter 40 000 tonnes de cartons par an (transformés en papier-toilette, essuie-tout) ; le compacteur devrait permettre d'obtenir à partir du recyclage du PE et de l'aluminium, des granules de résines, avec une production de départ de 500 tonnes. Les industriels de la plasturgie devraient être preneurs, du moins selon Tradib qui étudie aussi une solution pour produire des granules afin d'élargir ses débouchés.
Un autre débouché est à l'étude chez Stora Enso à Barcelone : l'industriel va traiter, à partir de 2011, via une technologie innovante, 4 500 tonnes de ces matériaux, issus de la collecte française. Cette technique repose sur la gazéification du plastique, la chaleur récupérée servira à chauffer l'usine, et l'aluminium récupéré sera revendu à l'industrie de l'aluminium. Cette solution présente le désavantage d'être basée hors de France, et d'augmenter les transports (donc les émissions de GES). Même si l'on combine les trois sociétés, le taux de 100% de recyclage des briques alimentaires reste loin. Un point essentiel doit impérativement être amélioré : celui du tri. Le groupe Traidib compte sur un accompagnement d'Eco-Emballages pour atteindre les 75% d'emballages ménagers recyclés en 2012, estimant que les briques alimentaires ont un rôle à jouer dans cet objectif à atteindre. Si les résultats se font attendre, nul doute que la filière semble s'activer...