Canada : les huiles usagées dans le collimateur
Le gouvernement de l'Ontario va soumettre à la consultation publique un règlement visant à interdire la pratique consistant à chauffer des locaux avec de l’huile usagée. Cette interdiction permettra de protéger la santé des citoyens, d'assainir l’air et d'encourager le recyclage.
"Notre gouvernement est résolu à agir. [...] L’huile usagée n’est pas conçue pour servir de combustible à basse température dans des appareils de chauffage. Nous prenons donc les mesures nécessaires pour protéger la santé des Ontariens et Ontariennes et notre environnement", a ainsi affirmé Laurel Broten, Ministre de l’Environnement...
Environ 10 millions de litres d’huile usagée provenant des vidanges de véhicules servent chaque année de combustible pour chauffer environ 700 installations dans la province. Cette quantité pourrait tripler si les coûts de chauffage augmentent et si aucun règlement n’est instauré pour interdire cette pratique. La température de combustion d’un bon nombre d’appareils de chauffage est trop basse pour brûler efficacement les contaminants présents dans l’huile usagée, et ces appareils ne possèdent aucun dispositif de contrôle pour réduire l’impact de leurs émissions nocives. Les substances émises par leur combustion, comme les métaux lourds et les particules, sont plus nocives encore que celles émises par le combustible conventionnel.
Chauffée à température élevée, l'huile usagée émet divers polluants, comme le plomb, le chrome, le manganèse, le nickel, le zinc, l’arsenic, les particules, le soufre et les hydrocarbures aromatiques polycycliques. Ces polluants, ainsi que d’autres substances pouvant avoir été ajoutées par erreur ou sans considération pour l’environnement et la santé publique, sont alors rejetés dans l’air et aboutissent dans les eaux et les sols de l’Ontario. Ils affaiblissent le système immunitaire et peuvent provoquer des troubles respiratoires, comme la bronchite et l’asthme.
Les avantages de cette interdiction sont multiples :
Protéger les collectivités et faire en sorte que les règles régissant les déchets dangereux de l’Ontario soient les plus strictes de l’Amérique du Nord ;
Réduire les émissions de polluants comme le SO2 (dioxyde de soufre) jusqu’à 200 fois, et les matières particulaires jusqu’à 35 fois ;
Economiser plus de 50 millions de litres de ressources pétrolières annuellement d’ici 2015, ce qui aidera à réduire leurs importations ;
Réduire les émissions de GES de près de 40 tonnes par année et par appareil de chauffage, soit une réduction globale d’environ 2 000 tonnes par année ;
Et enfin, ajouter quelque 7 millions de litres d’huile usagée aux 150 millions de litres qui sont déjà raffinés par Safety-Kleen Canada Inc. en Ontario. Le raffinage effectué par cette société permet de réduire les gaz à effet de serre de près de 500 000 tonnes par année (comme si l’on retirait 100 000 véhicules de la circulation chaque année).
La nouvelle réglementation enlèvera ainsi l’avantage économique que possèdent actuellement les quelques entreprises qui utilisent de l’huile usée comme combustible, ce qui sera plus équitable pour les entreprises concurrentes qui ont opté pour une méthode de chauffage ménageant l’environnement.
En plus de cette initiative environnementale, le gouvernement a également :
demandé à l’organisme "Réacheminement des déchets Ontario" de mettre sur pied et de financer un programme de réacheminement des déchets courants, comme les solvants de dégraissage et les peintures ;
mis sur pied un programme de consignation des contenants d’alcool pour recycler davantage ce type de contenants ;
tenu une consultation sur un projet de règlement qui offrira des incitatifs à l’industrie pour recycler plus de déchets et facilitera la production d’énergie à partir des déchets de bois.