Cancer : l'incinération sur le banc des accusés

Le 04/12/2006 à 16:31  

Cancer : l'incinération sur le banc des accusés

Accusation Les premiers résultats de l'étude de l'Institut de Veille Sanitaire afin d'évaluer le risque de cancer lié à l'exposition dans les années 80 aux fumées issues des incinérateurs d'ordures ménagères viennent d'être publiés. Ils mettent en évidence " une relation significative entre le lieu de résidence sous un panache d'incinérateur de 1972 à 1985 et l'augmentation du risque de certains cancers"...

C'est en 2003 que l'InVS, dans le cadre du Plan Cancer, a lancé cette étude nationale pour évaluer le risque de cancer lié à l'exposition dans le passé aux incinérateurs d'ordures ménagères.

L'étude a porté sur la période 1990-1999, au sein de 4 départements (Isère, Haut-Rhin, Bas-Rhin et Tarn) où 16 incinérateurs étaient en fonctionnement. La période d'exposition retenue commence en 1972 et s'achève en 1985 afin de pouvoir prendre en compte une période de latence moyenne de 10 années entre l'exposition et l'apparition des cancers.

Finalement, ont été pris en compte 135 567 cas de cancers sur 25 000 000 personnes-années . Les résultats varient, en fonction du degré d'exposition, entre +1,9% jusqu'à +13% dans le cas des sarcomes des tissus mous . Pour tous cancers confondus chez la femme, les habitants exposés à une valeur médiane ont un risque de cancer augmenté de +2,8%. Ce chiffre passe à 4% pour une population fortement exposée. L'étude met en valeur une augmentation des risque de tous les cancers et du cancer du sein chez la femme, et sans tenir compte du sexe, sur le cancer du foie et les lymphomes malins non hodgkiniens.

En réponse, Nelly Olin déclare que ces résultats confirment sa politique engagée en matière de gestion des déchets. Elle rappelle la très importante baisse des émissions de dioxines des UIOM suite à la mise en place de l'arreté du 20 septembre 2002. Elle confirme que l'incinération fait partie des moyens à utiliser pour traiter les déchets, et affirme qu'elle est indispensable. Elle éprouve le besoin de justifier sa politique en citant l'Allemagne avec 60 incinérateurs en fonctionnement, qui occupe le premier rang en Europe pour les tonnages traités par incinération.

Du côté des opérateurs, on se contente de faire remarquer que "l’étude épidémiologique porte sur des populations qui vivaient à proximité d’anciens incinérateurs il y a plus de 20 ans. Et surtout on insiste sur la déclaration de Brücker, directeur général de l’InVS, qui rappelle que cette dernière étude "porte sur une situation passée, ces résultats ne sauraient être transposés aux situations actuellement générées par les usines d’incinération, moins polluantes et mieux contrôlées qu ’auparavant" et ne conduit pas, à ce stade, "à recommander des décisions de santé publique".

Maintenant, sans parler du discrédit que cela entraîne sur les choix des années 70 et 80 à l'égard de l'utilisation de l'incinération, ces résultats vont renforcer le fondement des poursuites juridiques de la part de malades du cancer résidant à proximité de ces anciennes UIOM.
De plus, cela va susciter d'autres études et on devrait progressivement enquêter sur des périodes plus proches. Cela va aussi inciter les représentants des citoyens à demander plus d'informations auprès d'UIOM notamment celles qui sont aptes à traiter des déchets toxiques ou spéciaux. D'ailleurs, c'est ce qui se passe dans le cadre de l'incinération par Tredi des déchets toxiques ivoiriens (voir notre rédactionnel).

Pour en savoir plus : Etude de l'InVs