La production de nickel par pyrométallurgie génère en Nouvelle-Calédonie des déchets, nommés "scories", qui se comptent en millions de tonnes. Ces déchets sont stockés ou réutilisés par exemple pour des remblais. Avec ce gisement de scories quasi inépuisable, l’île dispose ainsi d’une ressource valorisable, dont on sait depuis quelques années qu’elle a la capacité de fixer le CO2…
Un projet réalisé sous l’égide de l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) de 2009 à 2012 démontré que non seulement les scories peuvent absorber le CO2, mais que couplée à un procédé innovant dit d’"attrition", cette capacité peut être grandement améliorée.
Le principe est d’immerger les scories dans une eau à très haute température (180°C) et sous pression (20 bar), contenant du CO2 dissout. Une partie des scories se dissout alors également, les éléments chimiques réagissent entre eux et se transforment en minéraux solides. Le CO2 est ainsi minéralisé. Mais durant cette réaction, les particules réagissent et il peut se former une sorte de gangue qui limite la quantité de CO2 absorbée. En abrasant les scories (le procédé d'attrition) durant la carbonatation, on limite la formation de cette gangue et on optimise le procédé.
Dans le cadre du projet Carboscories, cette technique a été testée avec succès sur des scories des sociétés SLN (Groupe Eramet) et KNS (Koniambo Nickel SAS). Les essais de carbonatation-attrition ont été effectués dans l’enceinte d’un broyeur à billes agitées en acier, avec l’obtention d’un stockage de CO2 évalué entre 200 kg et 300 kg par tonne de scorie. Plusieurs milliers de tonnes de CO2 par site d’exploitation pourraient ainsi être stockées grâce à ce procédé.