Ce n’est pas parce que les centres de tri sont opérationnels aujourd’hui, en répondant parfaitement aux besoins du moment, qu’ils le seront demain, pour satisfaire les enjeux à venir. Le parc doit évoluer, avec en perspective une augmentation de la taille moyenne des centres de tri. Afin d’alimenter chacune des installations qui sera nécessairement équipées d’outils performants, il s’agira d’être pragmatique, forcément : les bassins versants se devront d’être mis en adéquation avec les unités, surtout quand celles-ci devront investir, si ce n’est déjà fait. A la clé, des économies d’échelle, qui compensent largement les coûts de transport supplémentaires. Si sur le papier, ça a l’air simple, il n’en demeure pas moins que le chantier est d’importance…
L’objectif est fixé : reste à mettre en œuvre ce qui est nécessaire pour que sur le terrain, les résultats escomptés sur le papier, soient effectifs, le constat étant que les centres de tri, ne sont pas tous adaptés à l’optimisation des tonnages à venir, qui devront être recyclés.
A cela s’ajoute que tout laisse à penser que la teneur des déchets évoluera elle aussi : mois de papiers graphiques, plus d’emballages plastiques et sans doute davantage de déchets indésirables aboutiront à des volumes plus conséquents, mais à une densité moindre des tonnages entrants.
Selon la note cosignée par les deux instances, tout laisse à penser que dans une quinzaine d’années, le flux multi matériaux aura progressé d’environ 17% en moyenne, pour chaque habitant, tandis que le volume risque de fortement augmenter (+ 85% tous matériaux confondus). Mais l’Ademe estime que les tonnages d’emballages légers vont doubler en moyenne par habitant, tandis que leur volume va exploser à + 160%.
Eco-emballages et l’Ademe considèrent d’ores et déjà qu’il ne sera pas nécessaire que les « collectivités locales mettent en œuvre, dans le cadre de leur service public, un tri poussé, notamment pour les plastiques rigides et les fibreux », puisqu’il sera possible et même souhaitable de favoriser un tri « en deux étapes », la première consistant en un tri simplifié, pratiqué localement, tandis que la seconde serait effectuée « dans des unités spécialisées ». Cette organisation serait même parfaitement adaptée aux unités qui traitent jusqu’à 10 000 tonnes par an, ce qui correspond à peu près aux tonnages fournis par 200 000 habitants.
Il va de soi que les unités de tri devront être automatisées, équipées de machines à tri optique, ce qui ne sera pas sans conséquence en terme d’emplois : les agents seront sans doute moins nombreux, mais davantage affectés au contrôle qualité. A terme, et au vu des évolutions technologiques permanentes, il se pourrait même que le tri manuel des matériaux disparaisse du panorama.
En d’autres termes, il sera nécessaire de construire des centres de pré-tri, tout en modernisant en profondeur le parc existant : à la clé, une réduction de moitié des centres de tri (notre territoire en compte environ 240 aujourd’hui).
Dans cette perspective d’évolution jugée indispensable l’éco-organisme a lancé en novembre de l’année dernière, un appel à projet relatif à l’extension progressive (d’ici 2022) des consignes de tri à l’intégralité des emballages plastiques. 243 collectivités (58 bassins de collecte, soit 15,7 millions d'habitants) ont participé ; 126 collectivités avaient la quasi assurance d’être retenues (ce qui correspond à 28 bassins de tri et un peu plus de 9 millions d'habitants, tandis que 53 dossiers devaient encore être débattus (ils touchent 11 bassins de tri, soit 3 millions d'habitants). Les derniers arbitrages étaient attendus hier.
Toujours est-il que dès le printemps prochain, 20% environ de nos concitoyens (contre moins de 4 millions d’habitants aujourd’hui, soit les personnes vivant sur le territoire des collectivités qui ont participé à la première phase du projet, à savoir une expérimentation grandeur nature) seront immédiatement concernés par la mise en œuvre de cette nouvelle politique. Chacune des structures d’ores et déjà retenue, devra en effet avoir programmé l’extension du tri, dès mars 2016 : pour ce faire, des aides, évidement, Eco-emballages ayant une enveloppe de 45 millions d'euros à distribuer, une somme qui devra être soigneusement répartie en vue du maintien du soutien aux collectivités participant à l'expérimentation, de l'appui de celles qui ont été retenues, sans compter l'aide qui sera versée au profit des centres expérimentaux (pré-tri ou tri).
Afin d’illustrer le propos, Kerval (syndicat de valorisation des déchets de l'agglomération de Saint-Brieuc, dans les Côtes D’Armor), valorise 200 000 tonnes de déchets triés par an. On a régulièrement modernisé les installations du centre de tri Généris : sélectionné et retenu par Eco-emballages, inutile de souligner ô combien les équipes sont sur les charbons ardents. Le projet consiste à moderniser encore la chaîne de tri, en ajoutant de nouvelles machines, sans pour autant supprimer d’emploi : aggrandissement de la cabine de tri, installation d'un décartonneur et de machines de tri optique sont au programme. Les travaux débuteront en février ; ils seront réceptionnés en juin. Pour ce qui est des aides attendues, elles seraient de l’ordre de 700 000 mille euros, pour un investissement estimé à 5 millions environ, se réjouit déjà le président du syndicat, Thierry Burlot qui n'est pas sans ignorer que ces investissements vont augmenter le coût de traitement des déchets triés, mais aussi permettre aux collectivités concernées de percevoir des recettes supplémentaires...