A quelques jours de la célébration du D Day, l’heure est à la bombinette… Robin des Bois, toujours sur la brèche et en croisade contre les pollutions en tous genres, vient de publier un rapport relatif à ces déchets si particuliers que sont les obus et autres mines, « tristes souvenirs » de guerres que l’on continue de découvrir dans les sols de France…
Les déchets de guerre du genre bombes, obus, mines qui se dénichent chaque année, et par milliers, sont bel et bien dangereux : non seulement on ne mesure pas nécessairement leur danger, mais en outre, ils constituent aussi, une source de pollution trop négligée (voir Déchets de guerre : une pollution oubliée et négligée. C’est ce que souligne Robin des Bois dans son rapport publié aujourd’hui, lundi.
A quelques jours du 70e anniversaire du débarquement sur les côtes normandes, l'ONG souhaite mettre en lumière ce triste héritage : «les régions qui ont été des lieux de combat sont encore sinistrées par la guerre», indique Jacky Bonnemains, président de l'association Robin des Bois. «Quelque 600.000 tonnes de bombes ont été larguées entre juin 1940 et mai 1945 sur la France ; environ 15% n'ont pas explosé ». A la clé, du moins dans les régions les plus touchées, un sous-sol gangréné par les matières explosives, avec parfois, des accidents. Ainsi, il y a 5 ans, c’était en 2009, près de Caen, un homme est mort en voulant désamorcer lui même dix petits obus. Cinq personnes ont également été blessées (à des degrés divers) depuis 2008, en manipulant des munitions de guerre que l’on avait ainsi sorties de l’oubli, parce que déterrées.
Grâce aux informations provenant des préfectures, mais aussi à des articles de presse, l'association a établi (pour les régions de la façade ouest de la France) un « Inventaire des déchets de guerre» mis au jour entre 2008 et 2013 : 14.000 munitions dangereuses ont ressurgi dans des champs, des chantiers, des jardins ou sur des plages ; elles ont nécessité 556 interventions de démineurs.
Plus de la moitié (7.965) de ces vestiges de guerre ont été déterrés en Poitou-Charentes, à Thouars, lors de la dépollution pyrotechnique d'un ancien site militaire destiné à accueillir une centrale photovoltaïque.
Cela dit, on ne sera guère surpris d'apprendre que l'essentiel des interventions ont eu lieu en Normandie (221 événements répertoriés) et en Bretagne (175). Avec 83 opérations, la région Pays-de-Loire n'est pas épargnée, ni l'Aquitaine (42) ou le Poitou-Charentes (35).
Les actions de déminage ont occasionné en six ans l’évacuation de 95.000 personnes de leurs domiciles, lieux de travail ou de loisir. Parfois aussi, des entreprises de recyclage ont mouillé la chemise : ainsi, on se rappelera de Dépollution pyrotechnique chez Ric Environnement.
Parfois, des comportements ahurissants ont suivi la découverte de ces objets potentiellement explosifs.
Ainis en 2012, un homme de 70 ans découvre un obus de 70 cm de long et de 20 cm de diamètre en nettoyant un terrain en Dordogne. Il le transporte jusqu'à la gendarmerie la plus proche, située à 20 km. Les gendarmes préviennent les démineurs... mais demandent au monssieur de ramener l'obus à la case départ, à savoir sur son terrain...
Les anecdotes de ce type ne manque pas : un obus de 35 cm ramené à un camping par des touristes hollandais à Houlgate (Calvados), deux grenades laissées dans une benne de déchetterie à Martinvast (Manche), on en passe, mais vous pourrez tout savoir en découvrant le rapport de Robin des Bois.
«L'information de la population est insuffisante et les comportements à risques se multiplient», estime Charlotte Nithart, directrice de Robin des Bois,qui ne manque pas de rappeler les consignes de base à savoir «ne pas toucher, encore moins transporter, et prévenir les autorités».
Au delà du risque d'explosion, la présence de ces dizaines de milliers de tonnes de métaux mélangés à des substances toxiques pose un réel danger de pollution en raison des risques de contamination des eaux souterraines (c'est là parait-il que l'on concentre beaucou de bombes).
Les détonateurs contiennent du fulminate de mercure ou de l'azoture de plomb, tandis que d'autres substances toxiques (phosphore, trinitrotoluène ou TNT, etc.) composent la matière explosive, indique Jacky Bonnmains qui souhaiterait des opérations de dépollution plus systématiques notament sur trois sites majeurs qui « posent des problèmes particulièrement graves de sécurité physique et environnementale», en raison de la concentration de plusieurs centaines de tonnes de vieilles munitions : il a nommé le lac artificiel à l'Avrillé dans l'agglomération d'Angers (Maine-et-Loire), et deux sites terrestres, Borq-sur-Aivault et Pierrefitte (Deux-Sèvres).