Chine : les pneus usés resteront-ils des déchets nocifs ?

Le 05/01/2010 à 13:55  

Chine : les pneus usés resteront-ils des déchets nocifs ?

Pneumatiques usagés La frontière entre produit d'occasion, matière de réemploi et déchet polluant est difficile à apprécier. Ainsi lorsque le site internet chinois Xinhuanet indique que les douanes chinoises viennent de découvrir la plus importante affaire de trafic de déchets solides en Chine avec l'importation de 8 500 tonnes de pneus usés, on se dit que, selon la localisation géographique, l'on parle plusieurs langues dans le monde du déchet et du recyclage....

Selon Xinhuanet, les autorités chinoises incorporent les pneus usés dans la " liste des déchets qui sont une menace pour l'environnement et la santé publique car ils ne sont pas biodégradables". C'est ainsi que les douanes chinoises ont saisi 8 500 tonnes de pneus usés considérés comme hautement polluants et importés clandestinement des Etats-Unis.

C'est à la fin décembre 2009 que les douanes de Huangpu, sous l'administration de Guangzhou, ont découvert 366 conteneurs suspects contenant des pneus usés dans le port de Dongjiankou. Les conteneurs étaient au port depuis près d'un an, a indiqué Chen Wen, du département de l'inspection des douanes. Les détenteurs tentaient d'obtenir un permis d'importation de caoutchouc afin de les importer en Chine. De plus, depuis 2005, les douanes chinoises ont mis au jour 229 affaires du même genre, impliquant 44 275,8 tonnes de déchets solides. Ce sont plus de 600 personnes qui ont été sanctionnés.

Et pourtant, dans le même temps, on n'arrête pas, notamment en France, de trouver des solutions de valorisation y compris pour les pneus usés entiers. Alors, selon les pays, la qualification de déchet en ce qui concerne les pneus en fin de vie ne serait-elle pas la même ?. Bien sûr, il ne coûte pas très cher d'exporter des vieux pneus en Chine ( de l'ordre de 4 à 10 USD la tonne selon Xinhuanet ), ce qui signifie qu'il y a un véritable risque d'exporter des pneus non valorisables. Mais en même temps, compte tenu des besoins en matières premières de la Chine et en pneumatiques, il existe un important marché pour le réemploi et la consommation de granulats. Dans ce cadre, l'opération de recyclage peut être avantageusement pratiquée en Chine. De quoi, à se dire que les fluxs de pneus en fin de vie et de caoutchouc restent encore mal réglementés. A qui profite ce manque de définition et de clarté ? N'est-il pas pour le moins surprenant de constater que l'éditeur chinois traite de contrebandiers, les chinois qui peuvent "engranger d'importants bénéfices en utilisant les pneus usés, ces déchets, dans le raffinage pétrolier ou en les transformant en nouveaux pneus." Le recyclage serait-il devenu une affaire de contrebande lorsque des acteurs privés recréent de nouveaux produits à partir d'anciens ?. De tels propos sont choquants et illustrent bien les progrès qu'ils restent à réaliser pour définir correctement au niveau international la notion de déchet à l'égard des pneumatiques en fin de vie.