Chine : où en est le « recyclage » sur ordures brutes ?
Il y a quelques mois, d’aucuns affirmaient que la Chine ne serait plus jamais la poubelle du monde. La presse de Hong Kong (relayée par notre confrère Libération le 12 février dernier) avait « mis en avaleur l’enfer de Lianjiao », une ville du Guangdong spécialisé dans le recyclage des ordures : plusieurs dizaines de milliers de Chinois, séparant à la main les plastiques en tous genres du reste des détritus, lesquels sont brûlés et dégagent une « petite » odeur irrespirable tout autant que dangereuse… Qu’en est-il six mois plus tard ?
Si la plupart des déchets qui se sont retrouvés dans le collimateur étaient chinois, il y a en avait quand même une bonne partie qui provenaient de chez nous…, c'est-à-dire exportés de manière « douteuse », au nez et à la barbe des législations en vigueur mais avec le consentement des Chinois qui pendant quasiment 20 ans ont choisi de fermer les yeux. Plusieurs centaines de milliers de tonnes sont concernées, ont reconnu les responsables du Guangdong, faisant fait mine de découvrir « Le scandale ».
Aussitôt, dès février, ils ont ordonné la fermeture immédiate des ateliers de tri de Lianjiao, renvoyé les migrants dans leurs campagnes et annoncé que plus aucun bateau chargé de déchets étrangers ne passerait le delta de la rivière des Perles.
Quelques semaines plus tard, le village nettoyé par l’armée, était à nouveau clean... Une grande campagne de communication qui avait pour thème la lutte contre le plastique illégal, la protection de l'environnement, par dessus, et hop, le tour était joué.
Une rue à Liangjao
Sauf que la presse de Hong Kong par le biais du quotidien South China Morning Post, redonne des nouvelles...
Pour faire court, les déchets occidentaux continuent de déferler sur la Chine, dans un autre village du Guangdong, Mai, qui se serait brutalement étoffé de plusieurs milliers de personnes en quelques mois. Une vraie ruée vers l'or telle que la vivait les pionniers des States, au XIXème siècle...
Selon le quotidien, des milliers de migrants affluent de partout en Chine pour travailler dans ces centres de tri rustiques qui débordent de flacons de ketchup, d'emballages de cookies et autres tas de bouteilles d’eau aplaties.
« Je viens tenter ma chance », raconte Zhang Wulong, 19 ans, arrivé de la province du Hunan, à 1 000 kilomètres.
Car ce ne sont pas seulement les 800 yuans (80 euros) mensuels qui attirent ces travailleurs, mais une histoire colportée de village en village dans leur province : dans les ordures étrangères, il y aurait des billets de banque...
« Les gens sont si riches en Grande-Bretagne, que beaucoup de billets finissent à la poubelle par inadvertance, assure Zhang Wulong. J’ai entendu dire qu’un homme a trouvé 20 000 livres d’un coup. Il a tout changé en yuans et n’a plus besoin de travailler ».
L'un de ses amis, Guanlin, 17 ans, confie au South China Morning Post : «On connaît tous le visage de la reine. Si on l’aperçoit dans les ordures, c’est que c’est de l’argent anglais »...
C'est ainsi que le quotidien a recueilli un certain nombre d'histoires de pêches miraculeuses au milieu des déchets. Jamais de témoignage direct, mais des personnes qui connaissent quelqu’un qui a rencontré une personne qui a entendu dire...