Climat : les Nations Unies sonnent l'alerte du recyclage métallique

Le 17/05/2010 à 18:32  
Climat : les Nations Unies sonnent l'alerte du recyclage métallique 
métaux Lors du dernier sommet de Copenhague en faveur du climat, les professionnels du BIR avaient rappelé l'importance de leurs actions en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ( voir ancien rédactionnel ). Leur voix devrait être de plus en plus entendue, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) venant de confirmer, dans un rapport publié jeudi dernier, le rôle prépondérant du recyclage métallique et son importance stratégique dans le développement des nouvelles technologies dites vertes, et ceci pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES)...

  LE PNUE vient de rappeler qu'avec une économie mondiale engagée sur le chemin de l'écologie, les technologies propres vont dépendre de plus en plus d'une amélioration rapide des taux de recyclage des métaux dit de "haute technologie"comme le lithium, le néodyme et le gallium. Ces métaux, nécessaires à la fabrication des principaux éléments des éoliennes, des cellules photovoltaïques, des batteries de voitures hybrides, des piles à combustible et des systèmes d'éclairage économes en énergie, existent dans la nature en quantité relativement limitées ou dans des lieux géographiques bien déterminés.Cependant, bien que les industriels du secteur s'inquiètent de leur rareté et de leur prix élevé, seulement un pour cent environ de ces métaux de haute technologie est recyclé, tandis que le reste est jeté à la fin de la vie du produit.

À moins que le taux de recyclage des produits en fin de vie n'augmente fortement, l'industrie technologique moderne pourrait devoir se passer de ces métaux spéciaux et rares qui risquent d'être épuisé, préviennent certains experts.
 
 Telles sont les premières conclusions du nouveau rapport intitulé Metals Recycling Rates qui sera présenté par le Groupe international pour la gestion durable des ressources, hébergé par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).
Ce rapport, dont la version finale sera publiée dans le courant de l'année, illustre aussi les avantages que permettrait un meilleur recyclage des métaux les plus utilisés en matière d'énergie et de lutte contre les changements climatiques.
Au niveau mondial, le taux de recyclage de métaux tels que le fer, l'acier, le cuivre, l'aluminium, le plomb et l'étain est compris entre 25 et 75 pour cent, parfois moins dans certains pays en développement.
Une augmentation de ce taux grâce à de meilleurs systèmes de collecte et d'infrastructure de recyclage, surtout dans les pays en développement, pourrait permettre d'économiser des millions voire des milliards de tonnes d'émissions de gaz à effet de serre tout en créant un nombre important d'emplois verts.
En effet, selon le rapport, le recyclage des métaux nécessite deux à dix fois moins d'énergie que leur fusion après extraction des minerais.
 
 Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE, a déclaré : "Il faut maintenant agir vite pour gérer durablement les réserves et l'écoulement de ces métaux spéciaux, étant donné leur rôle important pour la santé, la pénétration et la compétitivité futures d'une économie moderne technologiquement avancée et économe en ressources."
"Non seulement une forte hausse du taux de recyclage des produits en fin de vie épargne les réserves et limitent le prix des métaux, mais elle permet aussi la création de nouveaux types d'emplois tout en assurant la pérennité des mines et des réserves naturelles."
"Cependant, toujours selon M. Steiner, un meilleur taux de recyclage des métaux communs et produits de masse comme le cuivre et l'acier, pourrait nous aider à réaliser notre objectif en matière de lutte contre le changement climatique, soit une limitation de l'augmentation de la température mondiale à 2° C d'ici 2050. Il y a actuellement un fossé entre l'ambition affichée des nations et la science qui porte sur plusieurs gigatonnes de CO2. Le recyclage des métaux pourrait servir à combler ce fossé."
 
 Un autre rapport final intitulé Metals in Society a lui aussi été lancé le 13 mai dernier. Ces deux documents, présentés lors d'une réunion de la Commission des Nations Unies sur le développement durable à New York, font partie d'un ensemble de six études que le Groupe d'experts consacre aux métaux.
Ce Groupe d'experts est co-présidé par les Docteurs Ashok Kosla (Inde) et Ernst von Weizsacker (Allemagne) et son groupe de travail interne sur les métaux est présidé par Thomas Graedel, professeur d'écologie industrielle à l'Université de Yale.
Le professeur Graedel explique : "Une des caractéristiques de notre ère moderne et industrielle, c'est qu'une quantité croissante de métal se trouve "hors sol"dans des structures telles que des bâtiments, des navires, ou encore des produits comme les téléphones cellulaires et les ordinateurs personnels."
Il poursuit : "Aux États-Unis par exemple, on estime que près de 240 kg de cuivre par personne se trouvent "hors sol". Le total mondial pourrait être multiplié entre trois et neuf fois au cours des prochaines années si l'on se réfère aux modèles de développement envisagés."
"Ces réserves hors sol de métaux communs ou spéciaux constituent une ressource extraordinaire pour le développement durable, non seulement en terme de stocks, mais aussi parce qu'ils peuvent limiter la demande en énergie tout en réduisant la pollution, y compris celle due aux émissions de gaz à effet de serre "ajoute-t-il.

 Principales conclusions de Metals in Society et conclusions préliminaires de Metals Recycling
 Actuellement, aux États-Unis, la quantité d'acier par personne est évaluée entre 10 et 12 tonnes contre 1,5 en Chine.
 Les quantités mondiales de métal utilisé ont tellement augmenté qu'on estime qu'il existe 50 kg de cuivre "hors sol"par personne.
 La quantité de cuivre par personne utilisée aux États-Unis est passée de 73 kg en 1932 à près de 240 kg de nos jours.
 Si cette tendance se reproduisait dans tous les pays, il faudrait multiplier entre trois et neuf fois la quantité de cuivre et autres métaux nécessaires à la construction de bâtiments et à la fabrication d'objets.
 La durée de vie du cuivre dans les bâtiments est de 25 à 40 ans, contre moins de cinq pour les ordinateurs et les téléphones mobiles. Dans de nombreux cas, notamment pour l'indium ou le rhodium, c'est au cours des trois dernières décennies seulement que plus de 80 pour cent de ces métaux technologiques ou spéciaux, provenant de gisements naturels, ont été extraits.
 La demande mondiale pour des métaux comme le cuivre et l'aluminium a doublé au cours des vingt dernières années.
 Le manque d'infrastructures de recyclage des déchets et des équipements électriques et électroniques (DEEE) dans le monde entraîne la disparition du cuivre et d'autres métaux précieux comme l'or, l'argent et le palladium.
 Le recyclage des métaux présente de nombreux avantages écologiques par rapport à la production et à l'utilisation de métaux primaires provenant des mines.

On peut citer, un impact moindre sur l'environnement, notamment sur les ressources en eau et sur la biodiversité, des besoins en énergie limités et donc une baisse des émissions de gaz à effet de serre et la possibilité de créer de nouveaux emplois et ressources.
De plus, les gisements et les mines de certains de ces métaux n'existent parfois que dans des zones géographiques bien délimitées. C'est le cas notamment du lithium en Amérique du Sud et des métaux de terres rares en Chine.


 Autres éléments importants
 Aujourd'hui, on produit dans le monde 1,3 milliard de tonnes d'acier, avec pour conséquence l'émission de 2,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre.
 Grâce à la récupération d'acier "secondaire"on pourrait faire baisser de 75 pour cent les émissions de gaz à effet de serre.
 Lors du recyclage de l'aluminium on émet presque douze fois moins que pendant la production d'aluminium primaire.
 Actuellement, seulement quelques métaux, comme le fer et le platine, sont recyclés à 50 pour cent ou plus.
 Chaque fois qu'on remplace 100 millions de tonnes d'acier primaire par du secondaire ou du recyclé, on peut économiser près de 150 millions de tonnes de CO2
Le rapport prend en exemple le palladium parmi les huit métaux précieux étudiés, ce qui comprend l'or et l'argent. Le palladium est utilisé dans les catalyseurs automobiles ainsi que dans le secteur dentaire, de la joaillerie et autres.
Actuellement, il pourrait être recyclé à 90 pour cent pour les applications industrielles et plus modestement autour de 50 à 55 pour cent dans l'automobile.
 
Cependant, dans l'électronique, le taux de recyclage représente à peine cinq à dix pour cent, notamment parce que moins de dix pour cent des téléphones cellulaires sont correctement recyclés.
Les chercheurs citent l'indium parmi les 40 et quelque métaux spéciaux, y compris les métaux du groupe des terres rares étudiés.
L'indium est utilisé dans les semi-conducteurs, les diodes électroluminescentes (DEL), l'imagerie médicale de pointe et les cellules photovoltaïques.
Le rapport souligne que ces métaux sont indispensables aux technologies propres et durables comme l'énergie renouvelable et les systèmes d'accumulateurs perfectionnés.
L'indium est un métal qu'on trouve en petites quantités dans la nature ou dans les mines de zinc.
La demande nette d'indium devrait fortement augmenter : elle devrait passer de 1 200 tonnes (2010) à 2 600 tonnes (2020) environ.
Actuellement on estime qu'il est recyclé à moins de un pour cent, comme la plupart des autres métaux spéciaux.
Parmi les autres métaux spéciaux, on peut citer le tellure et le sélénium pour les panneaux solaires à haut rendement, le néodyme et le dysprosium pour les aimants des éoliennes, le lanthane pour les batteries des véhicules hybrides et le gallium pour les DEL.
Les métaux tels que le néodyme, le gallium ou le lithium utilisé dans les batteries de téléphone portable peuvent être recyclés pour la fabrication de batteries photovoltaïques ou de voitures hybrides ainsi que pour des systèmes d'éclairages durables. "Améliorer le taux de recyclage des métaux comme le cuivre et l'acier utilisés dans les produits de masse peut également jouer un rôle important dans la réalisation des objectifs sur le changement climatique et empêcher l'augmentation de la température globale de 2 degrés d'ici 2050", précise M. Steiner.