Co-méthanisation à grande échelle : Siaap et Syctom se penchent sur le sujet

Le 03/11/2016 à 22:34  

Co-méthanisation à grande échelle : Siaap et Syctom se penchent sur le sujet

méthanisation Les boues de stations d'épuration et les déchets ménagers résiduels pouvant se mixer pour être valorisés, il était logique que le Siaap et le Syctom, opérateurs publics dédiés au traitement des déchets et à l’assainissement, en arrivent à décider d’étudier conjointement et concrètement les possibilités de méthaniser à grande échelle cette fraction organique et fermentescible de ce qui résulte de notre société de consommation. On serait  presque étonné que cette démarche n'intervienne qu'en 2016, tant elle semble logique...

 Carbone, phosphore et azote constituent des points communs aux déchets organiques (traités par le Syctom) et autres boues résultant de l’épuration des eaux usées (traitées et valorisées par le SIAAP). Jusque là, tout va bien. Sauf que... il faut bien qu'il y ait un petit souci méritant que l'on se penche collectivement dessus afin de trouver une solution qui vaille la peine.

Le hic, dans le cas qui nous occupe est que carbone, azote et phosphore sont communs mais sous des formes et compositions différentes ; à partir de ce constat, la réflexion consiste à orchestrer leur mise en commun, dans un procédé adapté, pour favoriser leur complémentarité, afin d’optimiser leur méthanisation et produire du biogaz.
 
 Ainsi, est venue l’idée de maximiser la conversion en énergie en mélangeant ces deux produits, et d’optimiser les traitements annexes des résidus, par rapport à leur traitement séparé. Une fois épuré, ce biogaz peut ensuite être injecté dans le réseau de gaz naturel ou utilisé et valorisé sur le site industriel, pour réduire l’apport d’énergie externe. L'idée maitresse qui anime les deux services publics est de parvenir à un outil opérationnel en 2018, ceci passant par le respect d'un calendrier d'ores et déjà affié : fattribution du(es) partenariat(s) d’innovation fin 2017,  phase 1 du partenariat d’innovation-recherche, sur la période janvier-juin 2018, laquelle sera suivie de juillet-septembre 2018  par la phase 2 qui passera par l'examen des résultats et la mise en œuvre du pilote industriel...

 "Compte tenu des champs nouveaux à explorer, cette commande publique est lancée sous une forme nouvelle destinée à porter la démarche de R&D : le partenariat d’innovation conçu pour faciliter la passation des marchés publics à visée innovante et aider les acheteurs à stimuler l’innovation". Syctom et SIAAP attendent que des groupements "start-up innovante et concepteur-exploitant" répondent à cette consultation...
On apprend que "plusieurs candidats seront qualifiés et plusieurs marchés pourront être signés avec des équipes qui proposeront une démarche scientifique et technique en accord avec les objectifs portés par les deux collectivités".

 On retiendra en tout cas que depuis l'an dernier, et ce, à l’initiative de leurs présidents, Hervé Marseille pour le Syctom et Belaïde Bedreddine pour le SIAAP, les deux acteurs ont convenu de mettre en commun expertises, performances et projets.
"Ce projet de co-méthanisation illustre la démarche générale d’innovation, de R&D et de partenariats technologiques portée par les deux syndicats pour développer de nouvelles formes d’énergies renouvelables et de récupération aux performances environnementales irréprochables".

C'est ainsi que le Syctom travaille actuellement, en partenariat avec de nombreux experts, sur un projet international de R&D relatif à la captation et la valorisation du carbone contenu dans les fumées pour produire des biomatériaux et du biocarburant, grâce à une technologie utilisant des organismes vivants. Du côté du SIAAP, on mène de longue date des recherches sur la méthanisation des boues selon leur typologie et l'on pratique aujourd’hui la méthanisation à l’échelle industrielle, étant entendu que la structure exploire par ailleurs "les meilleures voies possibles de valorisation potentielle d’autres déchets organiques spécifiques (biomasse algale, fumier équin, graisses) ainsi que des résidus produits (mécanismes de recyclage de l’azote et du phosphore, pouvoir calorifique, rhéologie…).

 Engagés dans une dynamique partenariale, les services publics urbains du Grand Paris, à l’image offerte par les deux services publics cités en référence, ont la conviction que leur capacité à créer des synergies industrielles leur permettra à moyen-terme d’offrir des solutions efficaces mais aussi d’optimiser certains projets au bénéfice du développement du territoire.
Pour ce qui relève des infos pratiques, on retiendra que le Syctom est mandataire du groupement de commande et qu'un Comité de pilotage (supervision des choix et déroulement des procédures) est présidé par Hervé Marseille, président du Syctom et composé à parité de représentants du Syctom et du SIAAP dont son président, Belaïde Bedreddine.
Les missions confiées au prestataire(s) retenu(s) sont au nombre de quatre :
- Analyse technique des données disponibles auprès des maîtres d’ouvrage
- Définition et mise en œuvre d’un programme d’essais en laboratoire
- Construction et mise en œuvre d’un pilote industriel
- Le cas échéant, étude, construction et mise en service d’une installation de traitement de taille industrielle

 Les entreprises appelées à candidater sont les groupements de start-up innovantes, mais aussi les concepteur-exploitants. Quant au coût prévisionnel de l’opération, il est de 90 M € en incluant l’installation définitive qui succédera au pilote industriel. Pour ce qui est de la publicité de l’appel d’offre, lancé fin octobre, elle est visible sur les supports classiques et légaux (BOAMP, JOUE…).