Co-produits industriels : Les professionnels se mobilisent pour leur valorisation
Le jeudi 17 mars 2005, une centaine de professionnels, d’élus et de techniciens de collectivités se sont réunis à Yutz (Moselle) pour évoquer l’avenir en France de la filière des co-produits industriels. Pour eux, un milliard 300 millions de tonnes de co-produits “ dorment ” en France et ils sont bien décidés à relever le défi économique et écologique de leur valorisation . Il est grand temps de changer la perception de ces véritables matériaux...
Considérés encore à ce jour par nombre de néophytes comme des déchets, les co-produits industriels ont pourtant démontré depuis des décennies qu’ils pouvaient être utilisés dans de nombreux domaines : voiries, bâtiment, agriculture…
Qu’on les appelle laitiers de hauts fourneaux, laitiers d’aciéries, cendres volantes…, tous ces résidus présentent aujourd’hui des qualités et des performances souvent comparables aux matériaux naturels auxquels ils peuvent prétendre se substituer.
En France, chaque année, la construction de bâtiments, de routes et d’ouvrages d’art nécessite la consommation de 420 millions de tonnes de matériaux, dont 400 millions de tonnes de matériaux naturels comme le sable, graviers, granulats, cailloux… Pour leur part, les co-produits industriels n’entrent dans ce total qu’à hauteur de 20 millions de tonnes.
Comment expliquer cette sous-exploitation des co-produits alors que ces derniers représentent une alternative économique et écologique pertinente ?
Pour Patrick Bruncher, tout nouveau président d’Afoco, les arguments des opposants aux co-produits sont simples, voire simplistes : “ Les pouvoirs publics ont longtemps considéré nos co-produits comme des déchets, et c’est encore souvent le cas aujourd’hui. En les classant de cette manière, on n’encourage pas les professionnels du BTP à les utiliser. Quant aux élus, ils se montrent plutôt timorés sur le sujet et ne souhaitent pas toujours que leurs routes soient construites avec des co-produits. À mon sens, c’est une lourde erreur, pour deux raisons essentielles. La première, c’est que dans certaines régions françaises comme l’île de France, la Normandie, le Bordelais, nous nous dirigeons vers une pénurie des matériaux naturels. Cette pénurie aura pour conséquence d’augmenter leur coût car il faudra en importer d’autres régions, voire de l’étranger. Au final, les routes et constructions vont coûter plus cher aux collectivités et donc aux contribuables. Deuxièmement, qui dit transport de matériaux sur de longues distances, dit pollution. Faire voyager les matériaux naturels, c’est donc contribuer au réchauffement climatique et aller à l’encontre du développement durable. ”
Quelle est la solution alors ?
Selon Patrick Bruncher, il est grand temps de redonner ses lettres de noblesse aux co-produits, industriels ou non : “ Aujourd’hui, 1,3 milliard de tonnes de co-produits dorment sur le sol français. Il est à mes yeux aberrant de ne pas valoriser tous ces matériaux entreposés ici ou là. Nous avons un formidable gisement à portée de main, utilisons-le ! Nous avons ainsi 800 millions de tonnes de schistes houillers, 280 millions de tonnes de déchets du BTP, 150 millions de tonnes de déchets miniers…, autant de matériaux qui n’attendent finalement qu’une chose : retrouver une deuxième vie. ”
À l’issue du colloque, tous les participants se sont accordés pour dire qu’il fallait désormais changer l’image des co-produits.
Matériaux de substitution par excellence, performants et faciles à mettre en œuvre, les co-produits présentent des avantages écologiques et économiques indéniables. Il ne reste plus finalement qu’à convaincre les politiques à favoriser la mise en place de cette solution alternative.
Chez Afoco, l’optimisme est de rigueur : “ Avec l’augmentation du coût d’extraction des matériaux naturels, nos produits vont devenir de plus en plus compétitifs ” conclut Patrick Bruncher. “ Et comme nous sommes des précurseurs, nous avons décidé de poursuivre activement nos recherches pour faire de nos co-produits d’excellents produits, tout simplement. L’avenir est à la valorisation, j'en suis intimement convaincu"