CO2 des voitures : l'Europe fait l'autruche...
Alors que s'est déroulée la semaine dernière une ultime réunion entre le Conseil, le Parlement et la Commission européenne pour trouver un accord sur la législation visant à réduire le CO2 des voitures, Greenpeace tire la sonnette d’alarme : les ambitions du texte sont tellement revues à la baisse que la future législation risque de s’avérer totalement inutile ! Y’a comme un hic...
L’an passé, le Conseil des ministres confirmait l’objectif de l’Union européenne de limiter la moyenne des émissions des véhicules à 120 g de CO2/km en 2012, objectif soutenu par les organisations de défense de l’environnement mais aussi des syndicats (la CGT en France), des associations de consommateurs (UFC Que choisir), des experts en matière de sécurité routière (Claude Got), mais aussi des industriels (Valeo, premier équipementier européen).
Gros problème : dans la dernière ligne droite des négociations, les Etats membres de l’Union défendent les intérêts à court terme de leurs industries nationales plutôt que s’unir pour relever le défi climatique. Greenpeace a ainsi calculé que, si toutes les dérogations réclamées par les uns et les autres sont retenues, la future réglementation risque d’autoriser jusqu’à 166,5 g de CO2/km d’ici à 2012. C’est bien loin des 120 g réclamés par Greenpeace, et même plus encore que la moyenne européenne actuelle (chiffre 2007 : 158 g) !
Si l’objectif à 2012 semble enterré, il reste néanmoins une chance que celui de 95 g de CO2/km à l’horizon 2020 figure dans la réglementation. Mais, même si le texte final retient cet objectif de long terme, rien ne garantit qu’il sera respecté. "Avec une moyenne de plus de 160 g CO2/km en 2012, difficile de croire que les constructeurs ne referont pas bataille lors de la clause de révision pour revoir l’objectif de 2020 à la baisse", s'inquiète Anne Valette, en charge de la campagne Climat de Greenpeace France. "Rappelons par ailleurs qu’en 1998 ils s’étaient officiellement engagés à réduire les émissions de leurs véhicules neufs pour atteindre 140 g CO2/km en 10 ans, et qu’en 2007, la moyenne européenne s’élevait encore à 158 g".
Nicolas Sarkozy s’est engagé à faire de la lutte contre le dérèglement du climat la priorité de sa présidence de l’UE. "Mais avec une législation si faible sur un secteur si polluant, on voit mal comment l’Europe va atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) u’elle s’est fixés pour 2020", conclut Anne Valette. Pour tenir sa parole, le Président Sarkozy doit donc défendre une réglementation qui limite la moyenne des émissions à 120 g de CO2/km d’ici à 2012 pour l’ensemble de la flotte et fixe dès aujourd’hui un objectif de 80 g/km à l’horizon 2020, en excluant toute révision à la baisse de ce chiffre.