CO2 : Greenpeace tance l'incandescence
Hier, aux environs de 9 heures, une vingtaine d'activistes de Greenpeace sont montés sur les toits de l'usine d'ampoules à incandescence Osram de Molsheim (Alsace), la seule unité de production située en Europe occidentale. Ils ont déployé deux banderoles avec le message "Ampoules incandescentes interdites = EPR inutile !". Voilà qui a le mérite d'être clair...
Greenpeace demande au gouvernement d'interdire la commercialisation de ce type d'ampoules d'ici à 2010, économisant de fait l'équivalent de la production électrique du nouveau réacteur nucléaire EPR, et d'encourager la transition industrielle vers la production d'ampoules basse consommation. De plus, par cette action, l'organisation écologiste interpelle non seulement Osram (qui pourtant a fait des efforts écologiques reconnus : voir Osram : à la source de l’économie d’énergie), mais aussi General Electrics (GE) et Philips, qui se partagent aujourd'hui le marché et ne proposent l'élimination de ces ampoules qu'à l'horizon 2015.
Les ampoules à incandescence gaspillent 95% de l'énergie qu'elles consomment en chaleur, alors que les lampes basse consommation consomment 5 fois moins et permettent d'économiser 8 euros par an pour chaque ampoule changée. A l'échelle européenne, interdire ces ampoules permettrait de fermer 25 centrales électriques, mais surtout d'économiser 32 millions de tonnes de CO2 et 3 à 5 milliards d'€uros par an ! Plusieurs pays ont d'ailleurs déjà opté pour une telle interdiction : le Royaume-Uni, à la suite du Ghana, de l'Australie, de la Californie, de l'Ontario et de l'Alaska, et aussi Cuba et le Venezuela.
Selon le ministère de l'Ecologie et du Développement durable, l'objectif de 20% d'efficacité énergétique en 2020 fixé par l'UE pourrait créer un million d'emplois en Europe : en matière d'efficacité, chaque million de dollars investi crée 12 à 16 années de travail direct, contre 4,5 pour une centrale nucléaire. Aujourd'hui, les fabricants d'ampoules délocalisent leurs usines en Chine ou en Europe de l'Est, comme vient de le faire GE avec son centre de distribution de Ennery (Moselle), alors que le marché s'ouvre. "La France ne peut se permettre de rater encore une fois le coche. Le Grenelle est le moment clé pour convaincre les industriels d'investir sur ces technologies du futur : rénovation thermique des bâtiments, solaire photovoltaïque, lampes basse conso, etc.", a martelé Karine Gavand, chargée de campagne climat-énergie chez Greenpeace.