Collecte : du toit du monde, au plancher des vaches...
Les alpinistes redescendant de l'Everest se plaignent régulièrement de la présence de moult déchets sur les pentes, de nature très diversifiée allant des objets en plastique, comme des bouteilles ou du matériel d'escalade hors d'usage, aux bouteilles d'oxygène vides, tentes déchirées ou échelles en aluminium et autres canettes, emballages en verre, ou encore des récipients remplis d'excréments humains, sans oublier les sacs en plastique, le tout ayant été abandonné par les grimpeurs, et constituant un spectacle de plus en plus embarrassant pour le tourisme, comme pour le gouvernement.
Si une quantité non négligeable de déchets a été laissée là récemment, avec le réchauffement climatique, la fonte des glaciers met à jour des détritus abandonnés par les grimpeurs au fil des décennies, peu soucieux des traces qu'ils pouvaient laisser derrière eux, mais également des dépouilles d'alpinistes morts pendant l'ascension : les corps de quelque 300 alpinistes disparus ces dernières décennies sont en effet enfouis sous une épaisse couche de neige l'hiver... mais réapparaissent l'été.
Des alpinistes népalais, dépêchés par le gouvernement de Kathmandou, ont passé six semaines en avril et mai derniers, entre le camp de base vers le toit du monde et le camp numéro 4, à près de 8.000 mètres d'altitude, pour y collecter puis massifier ce qu'il a été possible de récupérer. Cette équipe de nettoyage composée de 20 sherpas a capté quatre corps (qui n'ont pas été identifiés et dont on ne sait pas depuis combien de temps ils étaient sur le site) et onze tonnes de déchets sur les pentes de l'Everest et le long de l'itinéraire menant au camp de base, a annoncé ce mercredi le gouvernement. "Malheureusement, certains sacs de déchets ramassés autour du col Sud (entre l'Everest et le Lhotse, autre sommet de plus de 8.000 m) n'ont pas pu être redescendus en raison du mauvais temps", a-t-il précisé dans un communiqué.
Des sacs de grandes capacités, remplis de déchets ont été acheminés vers Kathmandou par des hélicoptères de l'armée ou à bord de camions qui sont descendus vers la vallée le long de routes sinueuses. Ces tonnages sont désormais destinés au recyclage dans une usine locale qui en a pris possession ce mercredi, à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement.
"Nous avons récupéré une grande quantité de déchets ; les gérer est tout aussi important", a déclaré à la presse, le responsable du département du Tourisme au Népal, Dandu Raj Ghimire. On dénombre en effet "beaucoup de déchets en verre, mais aussi de déchets métalliques, aluminium et autres objets en métal léger ou lourd qui peuvent être aisément recyclés", a complété Nabim Bikash Maharjan (organisation Blue Waste to Value).
Le problème posé est étroitement lié au nombre croissant d'alpinistes debarquant du monde entier, pour réaliser leur rêve : partir à l'assaut de l'Everest (8.848 mètres d'altitude), ce qui constitue un casse-tête pour les autorités.
Le Népal avait exigé (voir ici), il y a six ans un dépôt de 4.000 dollars par équipe d'alpinistes, remboursable si chaque grimpeur ramenait de son expédition au moins huit kilos de déchets. Avec le recul, le constat est là : seulement la moitié des alpinistes ramène leurs déchets.