Compostage : focus sur le traitement des lixiviats
Afin de traiter les eaux de ruissellement, les plateformes de compostage disposent de plusieurs méthodes : station d'épuration, épandage... Dans le dernier numéro de son magazine "Horizon Bio", Terralys (le spécialiste de la valorisation et du traitement biologique des déchets organiques au sein de Suez Environnement) fait un tour d'horizon de ces procédés et de leurs spécificités respectives. Une publication riche d'enseignements...
"Chaque exploitant de centre de compostage est libre d’utiliser la méthode qui lui convient pour traiter ses lixiviats", explique Olivier Jourdan, chef de centre chez Terralys pour la région Sud-Est. "Mais il doit se conformer aux obligations réglementaires fixées par l’arrêté préfectoral de sa plateforme, qui impose notamment des valeurs limites de rejet". Les plateformes exploitées par Terralys utilisent ainsi différents moyens assortis de spécificités propres. Les lixiviats peuvent par exemple être traités en station d’épuration. Mais cette solution s’avère parfois très coûteuse, notamment en termes de transport. Autre méthode pour traiter les eaux résiduaires : les utiliser en épandage agricole. Cette valorisation biologique est en effet la plus écologique et la plus économique pour les déchets organiques. Elle est cependant soumise à des plans d’épandage réglementés.
Les lixiviats des centres de compostage peuvent également être traités au moyen d’un système de TTCR (Taillis à très courte rotation). Dans ce cadre, une aire plantée de saules est utilisée comme filtre végétal des eaux résiduaires avant leur rejet en milieu naturel. Cette méthode permet également une valorisation énergétique du bois récolté tous les 3 ans environ. Mais cette solution n’est pas simple à mettre en oeuvre : elle nécessite en effet d’occuper une très grande surface pour planter les saules. Quant aux eaux résiduaires, elles doivent contenir uniquement des Matières organiques en suspension (MOS). Depuis l’automne 2008, ce système est expérimenté par le centre de compostage de Metzervisse (Moselle, 57), qui a planté 14 000 saules.
Les lixiviats des centres peuvent encore être traités au moyen d’un procédé rhizophyte. Celui-ci consiste en une filtration des eaux par le sable d’un bassin dans lequel ont été plantés des roseaux. Par ailleurs, le réseau dense des racines des roseaux permet une meilleure pénétration d’oxygène. Cette dernière favorise ainsi l’activité de microorganismes symbiotes qui prolifèrent sur les racines des roseaux et dégradent les MOS. "Jusqu’en 2005, le centre de compostage Inveko (Loire, 42) traitait essentiellement des déchets verts", raconte Olivier Jourdan. "Nos effluents étaient alors en autorecyclage. Mais depuis 2006, il traite beaucoup plus de boues de stations d’épuration, ce qui a transformé la composition des effluents. Pour respecter les valeurs limites de nos rejets en milieu naturel, notamment en matière de DCO, nous avons choisi d’installer un système de rhizophyte en 2006".
Désormais, les eaux pluviales souillées par les tas de compost sont traitées par ce procédé, puis contrôlées et rejetées en milieu naturel quand elles présentent moins de 300 mg/l de DCO. En cas de dépassement, elles sont réintroduites dans le système pour être à nouveau traitées. Mais les limites de ce procédé rhizophyte sont évidentes : en effet, la pollution des rejets aqueux doit être essentiellement de nature organique. Quant au régime pluvial, il représente une contrainte importante, car les eaux doivent être gérées par un réservoir tampon, afin de réguler l’alimentation du bassin planté de roseaux. "Pour optimiser la gestion des lixiviats, il est préférable d’anticiper dès la conception de la plateforme de compostage", rappelle Olivier Jourdan. "On peut ainsi limiter le rejet des eaux résiduaires". Un sujet d’actualité chez Terralys, puisqu’un groupe d’exploitants travaille en ce moment pour définir les bonnes pratiques en matière de gestion des effluents
source : Terralys