Coup de filet : 1,5 millions de tonnes de déchets « illégaux » saisis
1,5 million de déchets de contrebande ont été saisis en juin 2017 ; un record dans le genre, rendu possible par une vaste opération d'Interpol de contrôle sur les transferts transfrontaliers de déchets, puisque les Douanes et services de Police de 43 pays ont collaboré pour faire tomber les filières illégales transport de déchets polluants, l'Asie et l'Afrique étant les exutoires privilégiés... étant entendu que les investigations ont permis de révéler l'existencer de nouveaux circuits pour ces trafics, notamment à destination de l'Amérique centrale, devenue à son tour un point de chute des trafiquants.
Du 1er au 30 juin, l'agence de coopération policière Interpol a en effet supervisé une opération gigantesque de lutte contre le trafic de rejets illégaux. Baptisée « trente jours d'action » et présentée comme la plus grande jamais menée, elle a notamment permis de recenser 85 sites où avaient été déposés au total plus d'un million de tonne de déchets. 326 personnes et 244 compagnies sont mises en cause pour des délits d'ordre criminel ou administratif.
"Cela montre ce que l'on peut faire quand les pays œuvrent ensemble pour détecter, interrompre et empêcher la criminalité en matière de pollution... Cette opération constitue un avertissement en direction de la criminalité spécialisée dans ce type de trafic", s'est félicité Joseph Poux, du département américain de la Justice, cité dans un communiqué de l'agence de coopération policière internationale, dont le siège est à Lyon.
Ce qui a été saisi est pour l'essentiel des DEEE et déchets métalliques, provenant généralement de l'industrie automobile, précise Interpol dans son communiqué. La plupart d'entre eux sont originaires d'Amérique du Nord ou d'Europe (ainsi aux Pays-Bas, les Douanes ont saisi 10 000 tonnes de déchets illégaux... un tonnage exceptionnel).
Ces déchets devraient normalement faire l'objet de traitement spécifique, des Etats comme la France ayant d'ailleurs instauré une " éco-contribution" pour financer leur recyclage. Sauf que les trafiquants profitent des différences existant entre les pays dans la gestion de ce type de déchets, ou encore des pays où la législation est "souple". D’après le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) et une enquête de 2015, les seuls déchets électroniques représenteraient un marché de 17 milliards d’euros...
La France compte parmi les pays où l'on a épinglé du monde... Les Douanes françaises ont en effet saisi 332 tonnes de déchets au cours de la période et dans le cadre de cette opération «Trente jours d'action» d'Interpol, via 16 opérations menées dans une demi-douzaine de ports... Ces constatations ont majoritairement porté sur des conteneurs de pièces détachées automobiles usagées, de déchets de plastique, de DEEE, de pneus usagés, précise la douane française dans un communiqué. Ils partaient illégalement vers l’Afrique (Sénégal, Mauritanie, Togo, Côte d’Ivoire, Madagascar), Hong Kong, la Malaisie et le Brésil.
Ainsi rien qu'au Havre, les Douanes ont saisi 150 tonnes de déchets illégaux qui partaient pour la Malaisie (des déchets de plastique exportés vers la Malaisie sous couvert d’un faux document)...
Au cours de l'année 2016, les services douaniers français ont réalisé 258 constatations de ce type (contre 185 en 2015, soit + 39 %), dont 96 portaient sur des déchets dangereux.