Cour des comptes /Syctom : le droit de réponse
Récemment taclé par le rapport annuel de la Cour des comptes, publié ce 8 février, qui consacre, au fil de deux chapitres, des éléments tendant à montrer du doigt des objectifs non remplis, le principal acteur du traitement des déchets ménagers en Ile de France ne pouvait rester sans mots dire… De fait, il souligne que tout n'est pas aussi négatif, et admet bien volontiers qu'il reste du chemin à parcourir...
Trop cher, et un taux de recyclage trop faible, telle est la substance de ce qui concerne le traitament des déchets en Ile de France à la lecture du dernier rapport de la Cour des Comptes . Avec une dépense de 1 milliard 500 mille euros (en 2013) pour 5,5 millions de tonnes de déchets produits dans la région fracilienne, la Cour des comptes a souligné que ça ne va pas du tout, les performances dans la gestion des déchets en Ile-de-France n'étant pas au rendez-vous.
Le tri est à la traine avec des résultats ridicules ou presque, 14% des déchets recyclés, seulement, à Paris, 28% à l'échelle de l'Ile de France (contre 39% à l'échelle de la moyenne nationale, et bigrement plus chez nos voisins d'outre-Rhin, l'Allemagne affichant un taux de 64%) , et encore des déchets majoritairement incinérés (ce qui n'est plus "à la mode") et un taux d'enfouissement de 9%.
En d'autres termes, on est donc loin de l'objectif des 55% de déchets recyclés prévus par la loi sur la transition énergétique (en 2020).
Si la région a enregistré des progrès, la collecte sélective ne donne pas les résultats souhaités, loin s'en faut (au demeurant, l'Ordif indiquait en 2016, via une étude, que si les déchets étaient mieux triés, le recyclage des papiers comme celui des plastiques pourrait être multiplié par trois pour les prremiers, et par quatre pour les seconds).
De ce fait, la Cour recommande de favoriser l'apport volontaire (dans des conteneurs ou des déchetteries qui devraient être plus nombreuses -il en faudrait deux fois plus fois plus- et suggère de développer la collecte séparée du verre, des emballages légers, des cartons/papiers et des biodéchets et de communication beaucoup plus. Sauf qu'à Paris, nombreux sont les immeubles qui sont dépourvus de bacs papiers + emballages (15%) et pour le verre (34%), faute de place, tandis que la collecte spécifique des déchets organiques auprès des gros producteurs (restaurants), brille par son absence (contrairement à ce qui se pratique dans d'autres villes telles que Lorient ou Montpellier)
Selon la Cour, il serait temps de se pencher sur le problème, vu que la collecte des organiques (25% du contenu de la poubelle en moyenne) doit être généralisée d'ici 2025, aux termes de la loi sur la transition énergétique et parece qu'elle favorise la production de compost et de biogaz (la ville de Paris doit tester cette collecte dans les prochains mois à l'échelle de deux arrondissements, le 2ème et le 12ème)
Le descriptif du panorama francilien, tel que décrit par la Cour des comptes n'a évidemment pas laissé le Syctom de marbre. En préambule, il est bon de rappeler que l’agence métropolitaine des déchets ménagers, regroupe les territoires de Paris et de 83 autres communes de petite et grande couronnes, soit une population de près de 6 millions d’habitants : le Syctom rappelle d'ailleurs, qu'il traite annuellement 2,5 millions de tonnes de déchets, soit 45% de la production francilienne. C’est donc en tant que principal acteur du traitement des déchets d’Ile-de-France, que le Syctom a souhaité réagir aux conclusions de ce rapport, qui pour beaucoup viennent conforter les choix stratégiques engagés et mis en œuvre par le syndicat.
Le Syctom se satisfait de ce rapport qui "permet à chacun de mesurer le chemin à parcourir pour parvenir aux objectifs ambitieux fixés dans la Loi de transition énergétique : Etat, producteurs, collectivités, associations et citoyens doivent unir leurs efforts pour relever ce défi et mettre fin à l’enfouissement des déchets".
La Cour des Comptes entérine son analyse quant à une insuffisance de capacités de traitement de l’ordre de 500 000 tonnes par an, au vu des tonnages actuellement produits sur son territoire, et sur la prédiction d’une situation critique à l’horizon 2022 ; elle valide également les choix techniques du Syctom en faveur du renouvellement de ses installations de valorisation énergétique produisant une énergie de récupération au service du chauffage urbain et notamment pour son futur centre à Ivry-Paris XIII.
Le syndicat souligne aussi que la Cour valorise la politique incitative du Syctom à l’égard des collectivités adhérentes par la mise en place d’une tarification incitative en faveur des collectes sélectives et des collectes séparatives de biodéchets, de 0 € à 30 € la tonne, en fonction de la performance du tonnage de collecte sélective par habitant. de la même manière qu'elle relève avec satisfaction que le Syctom a noué des partenariats très développés avec les syndicats voisins pour faire face à ses besoins de capacités : 3,4% des tonnages incinérés du Syctom le sont dans des installations voisines.
Pour l'acteur du traitement des déchets francilien, "le rapport conforte la nécessité d’engager au plus vite le nouveau plan régional de gestion des déchets et recommande de mettre en place une programmation intégrant plus les spécificités territoriales".