Crise : le secteur du recyclage livre bataille
Le secteur du recyclage en France confirme devoir livrer une bataille difficile contre LA Crise... Des déchets qui continuent d'affluer, une demande industrielle pour les matières recyclées qui s'émousse... avec à la clé, des entreprises dédiées au recyclage qui n'échappent pas à la crise économique. Mais elles disposent d'un atout dans leur manche qui pourrait leur faciliter le quotidien et rebondir plus facilement que d'autres dans cette difficile partie : la tendance verte...
"Nous sommes dans une crise comme on n'en a jamais connu. Une crise qui est brutale", affirme Pascal Secula, président de Federec. Cartons, papiers, métaux, verre...tous les champs du recyclage sont "frappés simultanément".
Les 2 450 entreprises du secteur sont prises en étau entre, en amont, un flux de déchets qui demeure soutenu et, en aval, une demande en matériaux recyclés en berne. Elles sont également confrontées à des carnets de commandes industriels fortement réduits. Le tout accompagné de prix de vente qui dégringolent.
"C'est la première fois que nous avons un problème de vente de la matière: les usines qui nous achetaient des produits achètent maintenant au coup par coup, voire pas du tout", complète Jean-François Fourment, responsable d'une entreprise familiale de 20 salariés dans le Tarn-et-Garonne et à la tête du syndicat régional des entreprises de recyclage.
Car il est vrai que la situation s'est dégradée à une vitesse jamais vue. Mai-juin : le "zénith" (voir notre rapport de 5 articles, suite au congrès du Bir), suivi par un fléchissement en juillet, puis, rapidement, par une descente aux enfers.
Depuis, les stocks gonflent. Pour certaines matières, "vous ne revendez pas la totalité de ce que vous entrez, donc ça s'accumule", explique Jean-François Fourment.
Très tourné vers l'export, débouché d'un quart des 36 millions de tonnes de matières recyclées produites en France, le secteur est handicapé, aussi, par la dimension internationale de la crise.
Si l'activité de recyclage est affaiblie car elle "reste naturellement liée à l'intensité de l'activité économique", les effets de la crise seront néanmoins "limités" par rapport à d'autres secteurs, relève Thomas Roux, analyste chez Precepta (voir notre dernier rapport).
Grâce à quelques bonnes années précédentes, les entreprises du recyclage peuvent encore capitaliser sur leurs réserves, mais les plus petites sont les plus vulnérables.
"Nous vivons sur une trésorerie existante, mais qui fond de jour en jour", poursuit Jean-François Fourment. Dans son entreprise spécialisée dans la récupération de métaux, les salariés ne font plus d'heures supplémentaires... Et, si ça continue, on craint d'être obligé d'envisager des licenciements... Ce que confirme Pascal Sécula : "si ça doit durer encore un trimestre ou deux, des entreprises risquent de disparaître"...
Suez Environnement, l'un des deux poids lourds du secteur, avec Veolia, est, lui, "relativement protégé", car la majorité du chiffre d'affaires est réalisée avec des collectivités territoriales et l'activité de recyclage porte d'abord sur de la prestation de services, explique une porte-parole. Pour rebondir, le secteur peut compter sur "une tendance de fond qui va vers plus de recyclage et accompagne le métier", estime-t-elle.
D'une part, la population - donc la production de déchets - augmente, entraînant le besoin en matières recyclées. D'autre part, l'incitation au recyclage devient politique, avec récemment le Grenelle de l'Environnement.
Avec de nombreux déchets non encore recyclés et des secteurs qui se développent, comme le recyclage des équipements électriques et électroniques (DEEE), obligatoire depuis fin 2006, "les marchés de la valorisation ont incontestablement de beaux jours devant eux", assure Thomas Roux, si l'année 2009 s'annonce encore difficile, "le rebond se fera en 2010".