Cristaline : de qui se moque-t-on ?
Depuis le 8 janvier, on peut voir dans Paris et sa périphérie une campagne d'affichage publicitaire vantant les bienfaits et mérites de l’eau de source Cristaline, tout en mettant en garde contre des risques supposés à la consommation de l’eau du robinet. Une démarche qui a déclenché la colère de la Ministre de l'Ecologie et de plusieurs associations dont le CNIID (Centre National d'Information Indépendante sur les Déchets)...
Dans un communiqué, Nelly Olin condamne ce procédé de dénigrement qui risque de paniquer les consommateurs en réduisant l’eau du robinet à des nitrates, plomb et chlore, "zappant" de fait, la propre composition de l'eau Cristaline, elle-même "chargée" de quelques uns de ces composés. La ministre rappelle que l’eau du robinet est le produit alimentaire le plus surveillé, cette surveillance s’inscrivant dans le cadre de la réglementation française et européenne. De plus, en France, un tiers de l'eau potable provient de ressources superficielles (rivière, canal, lac…) contre deux tiers d’origine souterraine, c'est à dire de même provenance que l’eau de source embouteillée ; Cristaline est d'ailleurs connue pour être captée dans les mêmes nappes phréatiques que l’eau du robinet. Cherchez l'erreur...
La Ministre, qui a laissé planer la menace d'une action en justice, a également réagi aux arguments mis en avant par Cristaline pour les expliquer, voire les démentir :
Tout d'abord, l’odeur qui se dégage parfois de l’eau du robinet est due à l’ajout de chlore pour garantir sa qualité bactériologique durant son transport dans les canalisations jusqu’au robinet. Il contribue à la sécurité sanitaire car il réagit avec la plupart des polluants et ceci à faible dose ; sa disparition à un stade du traitement ou du transport donnerait ainsi l’alerte. Il est facile de faire disparaître l’éventuel goût chloré en laissant l’eau s’aérer dans une carafe quelques heures au réfrigérateur.
Un bilan de la direction générale de la Santé montre que 95% de la population a été alimentée en 2004 par une eau conforme toute l’année. Depuis 2000, une note sur la qualité de l’eau, établie par la DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales), est obligatoirement jointe une fois par an aux factures.
Pour conclure, il faut rappeler que le choix de l’eau du robinet est un geste écocitoyen :
Elle coûte 100 à 300 fois moins cher que l’eau en bouteille (80% du prix de celle-ci est dû à l’emballage) ;
Disponible sans emballage, elle permet une économie de 10 kg de déchets par an et par personne ; a contrario, il est facile de démontrer que la société Cristaline engendre des tonnes de déchets d'emballages plastiques, participant à d'autant à l’épuisement des ressources pétrolifères et au réchauffement climatique.
De fait, l'eau en bouteille prend le plus souvent la route, et parcoure en moyenne 300 km.