CSR : 130 Collaborateurs Sacrifiés ou Récupérés ?
A la veille de la Fête Nationale, vendredi 13 juillet (cela ne s’invente pas), l’entreprise Editrans Ulysse reçoit un arrêté préfectoral qui ordonne la suppression de la plateforme de valorisation multi-filière des déchets de Bassens, sous un délai de 6 mois.
Après de multiples demandes, le Préfet de Gironde a fini par accorder une audience…
Après avoir nié que la Direction d’Editrans avait sollicité une audience dans une interview de France Bleu Gironde diffusée au journal de 7h le 18 janvier dernier (dommage que nous ayons entre nos mains, copie du document pouvant démontrer le contraire, ndlr), le Préfet a finalement accepté de recevoir les dirigeants de l’entreprise qui s’est spécialisée dans le stockage de DIB, afin de produire des CSR, combustibles de substitution issus de la récupération de déchets industriels banals. C’était hier, 22 janvier à 17h30.
L’audience s’est conclue par une décision on ne peut plus mitigée, à savoir un « ultime délai de 4 mois accordé à la société Editrans».
Les salariés estiment que cette audience n’a été accordée que « par obligation » et non pas « avec l’objectif d’essayer de trouver une solution pour sauvegarder les 130 emplois de l’entreprise », qu’il s’agissait plus vraisemblablement « de la sanctionner une fois de plus, sans lui donner vraiment une chance de survie ! » (…) « Notre sort était déjà scellé puisque le communiqué de presse du Préfet signant ou presque, notre arrêt de mort, a été rédigé avant la réunion, pour être diffusé à la minute où l’entretien s’est terminé ».
Ce communiqué est d’ailleurs émaillé d’inexactitudes. Il est écrit en effet, que « la société Editrans (basée à Bassens) exerce ses activités sans autorisation depuis plus de 3 ans »…
Erreur : l’entreprise a en effet eu un arrêté préfectoral portant des mesures de règlementation provisoire le 12 mai 2011.
Le document fait état de 3 incendies : il sera bon de rappeler ou préciser pour être parfaitement objectif, que le premier s’est produit sur un tout petit stock de coques de télévision et surtout qu’il a été très très rapidement circonscrit.
Au delà du fait que les personnes concernées ont appris via ce communiqué de presse que « le Préfet a reçu la Direction d’Editrans "pour lui faire part des décisions qu’il mettait en oeuvre", alors que le rendez-vous avait été présenté comme une réunion de travail », les salariés, qui s’étaient évidemment mobilisés à la Préfecture, se disent choqués de lire que « le Préfet a demandé à ses services de la DIRECCTE, de veiller au respect des droits et des intérêts des salariés ».
Si le sujet n’était pas aussi grave, on pourrait presque en rire…
Comme si un préfet (avec toute la bonne volonté qu’il peut avoir) avait la possibilité de régler le problème social alors que l’Etat est parfaitement impuissant à endiguer une augmentation de 1000 chômeurs par jour !
Bref : il reste que depuis juillet, la Direction et les salariés ont un peu beaucoup le sentiment que le sort de leur entreprise est traité avec négligence…
« Nous sommes toujours dans l’incompréhension de cette décision radicale et démesurée, alors que nos activités n’ont jamais engendré de pollution, comme l’attestent les analyses régulièrement effectuées par un laboratoire agréé et mises en ligne en toute transparence sur notre site internet. Nous proposons à nos clients une solution de valorisation efficace de leurs déchets industriels et commerciaux, conformément aux exigences du Grenelle de l’environnement. Nous nous battons depuis plus de six mois pour faire entendre notre voix et notre désarroi », expose Patrice dauvin, le patron de l'entreprise…
Farouchement décidés à ne pas lâcher prise « nous sollicitons un entretien avec Madame La Ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, ainsi que Monsieur Le Ministre du Redressement productif », indiquent les représentants des salariés.
Une délégation des collaborateurs d’Editrans-Ulysse se rendra demain à Paris au Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie à 12h, puis au Ministère du Redressement productif à 15h.
Voir aussi : Des salariés en colère et Déchets : Y aurait-il "Un homme à abattre"?