CSR : l’industrie cimentière s'engage à faire feu de tous bois...
Engagement volontaire et réciproque entre l’État et les entreprises pour lever de manière pragmatique des barrières à l’économie circulaire, les Green Deal concernent le recyclage et la valorisation des déchets de plâtre, la création d’une nouvelle filière de recyclage et de valorisation du verre acrylique, la reprise et le recyclage des uniformes et textiles professionnels, et le recyclage des granulats et matériaux de construction inerte
Accompagnée dans cette démarche volontariste par le Syndicat National des Entreprises de Démolition (SNED), le Syndicat des Recycleurs du BTP (SRBTP) et la Federec Palettes & Bois, Bénédicte de Bonnechose, présidente du Syndicat Français de l’Industrie Cimentière (SFIC), vient de signer, aux côtés du Ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot et du Ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, le sixième engagement pour la croissance verte (les 4 premiers avaient été signés au printemps 2017, et le 5ème en novembre dernier), ce dernier Green Deal en date étant relatif à la valorisation des déchets de bois issus du bâtiment en cimenterie...
Depuis plusieurs décennies, les cimentiers français privilégient des circuits en boucles courtes, qui leur permettent à la fois de réduire les impacts de leur métier sur l'environnement, mais aussi les coûts, donnée non négligeable, liés aux transports. De la même manière, ils ont testé, puis adopté l'utilisation de plus en plus massive des CSR, ces combustibles de substitution qui limitent leur dépendance aux énergies fossiles (coke de pétrole) et réduisent les coûts de production des ciments.
Si la démarche a été entamée il y a 35 ans déjà, elle s'affine et s'affirme, ce nouveau cap en atteste, incontestablement : alors que l'industrie cimentière parvient à un taux de substitution de 41% pour produire les 17,5 millions de tonnes annuelles de ciment (données 2016) nécessaires aux besoins de la consommation, elle s’est fixée comme objectif d’atteindre un taux de 50% à l’horizon 2025.
Avec la signature de cet « Engagement pour la croissance verte relatif à la valorisation des déchets de bois issus du bâtiment en cimenterie », les industriels se donnent pour objectif d’augmenter de 90% la quantité de déchets de bois utilisés dans les processus de production du ciment à l’horizon 2020 par rapport à 2015.
Pascal Léon, président de la filière Palettes et Bois de Federec y voit à juste titre, une voie salvatrice pour « la filière bois de recyclage, qui fait face à une situation critique et souffre aujourd’hui d’un manque évident de débouchés. La valorisation en cimenterie des déchets de bois est une des solutions pertinentes à apporter, tandis que cette démarche partenariale et multi-acteurs, constitue un signal réellement positif ». Didier Michel, président du SRBTP et administrateur du SNED, n'a pas manqué d'abonder en ce sens, rappelant notamment qu'à travers « cet engagement, nous espérons pouvoir lancer une nouvelle dynamique de valorisation de ces déchets du BTP pour rendre le tri sur chantier et sur les plateformes de recyclage d’autant plus pertinent et performant »...
Ce développement important sera réalisé essentiellement par l’augmentation des flux de Combustibles Solides de Récupération (CSR), et notamment de déchets de bois. Il faut garder en mémoire qu'au-delà de la seule valorisation énergétique, les cimenteries offrent également aux déchets une valorisation matière puisque l’ensemble de la fraction minérale des déchets entre dans la composition du clinker et du ciment.
Dans cette optique, la gestion des déchets de bois, objets de cet ECV, représente un réel enjeu pour le secteur d'autant que la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) vise, en particulier, à assurer la valorisation énergétique des déchets qui ne peuvent être recyclés en l'état des techniques disponibles et qui résultent d'une collecte séparée ou d'une opération de tri réalisée dans une installation prévue à cet effet.
Les cimentiers confirment qu'ils sont « à même de répondre à cet objectif légal en développant la valorisation en cimenterie des déchets de bois du bâtiment, dans leurs fractions les plus fines, plus difficiles à valoriser en matériau ou en combustion », cette démarche ne manquant pas d'atouts. En effet, les déchets de bois qui seront valorisés, seront issus de la région de la cimenterie, contrairement au coke de pétrole qui provient d’Amérique du Nord ou d’Amérique centrale, avec à la clé des émissions liées à son transport. C'est sans compter que l'utilisation des déchets de bois en limite d'autant l'enfouissement et ses effets fiscaux induits, la combustion de ce matériau, en qualité de biomasse étant neutre en CO2.
L'Etat étant impliqué dans cette affaire, il s’est engagé « à faciliter la mise en place d’une filière de mise à disposition de déchets de bois (du bâtiment -construction/déconstruction-, de classe B n’ayant pu faire l’objet d’une valorisation matière ou de classe C, futures classes 3 ou 4) ou de déchets en mélange contenant du bois, et à sensibiliser les maîtres d’ouvrage, notamment publics, aux bonnes pratiques en matière d’économie circulaire et de gestion des déchets du bâtiment, dans toutes les phases d’un chantier (passation de marché, planification, gestion de chantier et valorisation) ».