De l’art de faire le trottoir…

 Mine de rien, c’est tout un art que de savoir dénicher parmi les déchets, ce qui va pouvoir servir à concevoir de nouveaux objets et notamment des meubles… "Meuble libre" par Jeremy Edwards est une exposition qui vaut le détour… Elle se tiendra à la Naço Galerie (*), du 1er décembre au 30 janvier prochains…

 Le recyclage est une industrie ; mais recycler peut relever de l'art contemporain... Pour peuve, l'oeuvre d'un artiste qui arpente les trottoirs pour dénicher des perles rares et en faire des meubles. Et c'est ainsi que palettes parfois disloquées ou étagères en bois de meubles cassés sont transformées et passent du statut de déchet à celui de mobilier...

"Meuble libre c'est l'histoire de meubles réalisés à partir d'autres meubles délaissés dans la rue, utilisés tels quels. La forme et la nature des objets créés immédiatement, spontanément sur place, sont déterminées par les matériaux disponibles sur le moment, l'endroit où je les ai trouvés et des outils sommaires à disposition. Une fois les objets créés, ils sont laissés libres, sur place, à disposition de tout un chacun" explique l'artiste, Jeremy Edwards.

L’exposition Meuble Libre présentera des œuvres conçues dans ce cadre par Jeremy Edwards pour la Naço Gallery. Certaines seront rendues à la rue, à disposition de qui voudra, d’autres seront donnés. Meuble Libre propose une réflexion qui donne une vision du design accessible, qui se laisse approcher par tout un chacun et évolue en conséquence, un pied de nez au design dogmatique. C’est surtout la relation à la création, l’appropriation des objets par les gens, leur évolution libre, leurs interprétations et toute la poésie qui s’en dégage qui intéresse le designer Jeremy Edwards - y compris les contraintes imposées par les matériaux et la situation/intégration urbaine - tout aussi libre que les meubles auxquels il donne une seconde vie, via le recyclage. Une exposition manifeste qui rappellera des projets de Tord Boontje, Martino Gamper, Enzo Mari et Gabriel Orozco.